En jetant un regard sur son passé, James a cette drôle d’impression que sa vie avait été depuis longtemps toute tracée… sauf après cet incident.

Fils unique d’une grande famille, l’enfant James n’avait aucune raison de ce plaindre. Une mère au foyer et au cœur tendre était toujours là pour le réconforter de ses nuits à combattre de méchants dragons. Son père, lui, était à la tête de l’une des plus grandes maisons de disque de Londres: The Dawkins Compagny. C’est dans c’est conditions que l’enfant aux grands yeux bleus s’ouvrit au monde de la musique. Quand le petit James aux mouvements encore un peu maladroits venait rendre visite aux employés de la compagnie de son père, il captait automatiquement l’attention de tout le monde, devenant bien vite le petit trésor de ce lieu artistique. À coup sûr le fils Dawkins allait plus tard devenir la nouvelle tête dirigeante de la maison de disque.

À l’âge de 11 ans ses goûts pour la musique s’intensifièrent. De plus, James passait ses après-midi d’été en solitaire, dans le grand salon des invités, où se trouvait un majestueux piano. Au début, James se contentait de s’asseoir devant, caressant son bois sombre et ses touches qui contrastaient. Une fois, sa mère ouvrit discrètement la porte du grand salon et aperçu son fils devant le piano, perdu dans ses pensés. Elle n’hésita pas une seconde avant de parler avec son mari pour l’inciter à lui trouver un professeur de musique. Enchanté par la tournure des événements, James passait maintenant deux heures de son temps, chaque semaine, avec un vieillard au regard brillant lui apprenant les bases du piano. Le professeur de musique, monsieur Sarly, trouvait que James apprenait vite et semblait intéressé, mais il lui manquait quelque chose... Vers la fin du mois de juin, monsieur Sarly apporta avec lui quelques autres instruments de musique dans le but de les montrer à James. Les beaux yeux bleus de l’enfant s’illuminèrent lorsque le violon se mis à chanter entre les mains de son professeur. C’est ainsi que le petit Dawkins commença à se perfectionner en violon, lorsque son père lui en acheta un pour son anniversaire. Cependant, sa passion pour ce bel instrument sembla disparaître alors que l’adolescence le frappait de plein fouet. Un soir, il attrapa son violon et sans oser le regarder directement, le coinça dans son étui et le cacha au fond de son garde-robe, n’en parlant plus.

Pour ce qui était de ses études, James avait du mal à s’intéresser aux matières lui demandant de rester sur Terre. Il adorait les cours d’écriture qui lui permettait de créer des histoires et de lancer ses professeurs dans des mondes inconnus. Il faut croire que son côté artistique était plus fort que tout! L’héritier des Dawkins avait très peu de mal à ce faire des amis avec ses manières polies et son humour parfois un peu mauvais. C’est en 1998 qu’il rencontra pour la première fois Ashley Lewis. Pour être sincère, James ne pensait pas que leur histoire allait aller aussi loin. Pour lui ce n’était qu’une question d’attirance et une envie de vivre le reste de son adolescence comme il se doit. Cependant le temps passa et la passion qu’elle éprouvait pour lui sembla s’intensifier et comme il s’entendait bien avec elle, il lui sembla normal qu’ils décident d’emménager ensemble pour aller à l’université, en plein cœur de Londres. Jusque là tout allait bien, mais James avait un drôle de pincement au cœur lorsque Ashley s’agrippait à son bras en riant et fabulant sur un futur remplit de leurs enfants. Il tenta de mettre de côté ce stupide sentiment, puisque de toute façon il lui semblait évident qu’elle allait un jour vouloir former une famille.

Se concentrant sur des études artistiques, ce fut à cette époque-là que James toucha pour la première fois à la photographie. Émerveillé par cette nouvelle passion qui le submergea peu à peu, il décida de se concentrer que sur cela dans l’espoir de devenir un photographe professionnel. Ce nouveau choix de carrière attristait son père, il le savait, mais au fond de lui il sentait qu’il ne pouvait pas nier ce désir puissant de capturer en photos ce que ses yeux voyaient. Cette nouvelle passion sembla franchement ennuyer Ashley qui possédait un esprit beaucoup plus cartésien. C’est à partir de cet instant que James senti qu’il se détachait peu à peu d’elle pour ce concentrer sur ce qui le rendait vraiment heureux, fermant les yeux sur sa relation qui se détériorait.

Sortant de l’Université avec un diplôme en poche, James n’eut aucun problème pour trouver un premier magasine voulant bien de ses photographies. Petit à petit la popularité des clichés de James s’accrût jusqu’à ce qu'il devienne assez connu dans le milieu pour que son nom soit la seule chose à prononcer pour lui procurer de nouveaux contrats. Devant tout ça, les yeux d’Ashley avaient simplement retrouvé leur éclat sous la richesse que James accumulait peu à peu. Sa relation avec Ashley le blessait au fond de son cœur romantique et pour cette raison, James décida qu’il n’y avait plus un seul excès qui soit de trop pour lui.

Au court d’une soirée bien arrosée, un jeune modèle lui proposa une petite dose de drogue dure. L’esprit à la fête, James accepta sans hésiter. Puis ce genre de soirée ce répéta, jusqu’à ce que ce soit officiel: James était devenu dépendant à la drogue. Les folies de l’homme de 29 ans s’accumulèrent à une vitesse folle. Ce fut un soir ou comme d’habitude James revint à son appartement à une heure tardive l’esprit embrumé, qu’une première partie de son monde s’écroula sous sa bêtise. En entrant dans l’appartement, après avoir tenté cinq fois d’entrer la clef dans la serrure, James entra dans le salon pour pouvoir aller vers la cuisine. Ashley était là, dans sa belle nuisette, assise dans l’un des sofas, la mine sombre. Un magasine à potin était ouvert sur ses genoux. Après lui avoir parlé dans une colère froide, la patience de la blonde éclata au même moment que le ton de sa voix montait dans les aigus. Elle lui jeta dessus le magasine dans lequel une personne anonyme prétendait que James Dawkins, le célèbre photographe de mode de Londres, était dépendant à la cocaïne et à l’ecstasy. James nia tout, mais la blonde s’agita devant lui, les larmes se déversant sur son visage sous la colère.

« Et puis quoi encore? Ne pense pas pouvoir me mentir James Dawkins, je te connais depuis trop longtemps pour ça! »

Ne pouvant nier plus longtemps James avoua enfin sa dépendance, une crise d’angoisse prenant possession de lui alors qu’il réalisait dans quel pétrin il s’était mis. Ashley le berça dans ses bras, la tête de l’homme calée contre son épaule, lui murmurant des mots tendres pour le réconforter. Elle lui fit promettre de ne plus toucher à la drogue, petit espoir naïf que tout pouvait se régler aussi facilement. Quand James essayait d’y résister il devenait nerveux et colérique. Ses dents grinçaient d’une façon insupportable. Il avait l’impression de vivre dans un continuel cauchemar. À ce moment-là, la pression était plus forte que tout et il en reprenait avec un soulagement évident.

« Juste pour cette fois… Promis. »

Entre temps le photographe fit la rencontre d’Eliott, un modèle qui à chaque rencontre professionnelle, lui laissait une impression étrange. Il ne savait pas pourquoi, mais il y avait quelque chose en lui qui l’attirait indéniablement. Ils prirent l’habitude de se voir de plus en plus souvent et de passer du temps seul à seul. Parfois James l’invitait à son appartement, et ce fut à cet endroit exactement que James comprit pourquoi il se sentait autant attiré par le jeune modèle. Un peu saoul, Eliott ce pencha vers lui et lui déroba un baiser qui laissa un goût exquis sur les lèvres de James. Les lèvres d’Eliott dérivèrent vers son cou et sa chemise en cachemire tomba au sol et bientôt tous ses vêtements trouvèrent le même destin. L’esprit enfiévré par le désir, il ne comprit pas tout de suite comment il avait fait pour se retrouver sur le tapis du salon, à quatre pattes, Eliott derrière lui, le couvrant de baisers et de mots tendres... Lorsque le plaisir atteint son paroxysme, Ashley fit irruption dans le salon et laissa tomber les sacs qu’elle tenait en main, poussant un cri horripilant. Il n’en fallut pas plus pour que le charme se rompe et pour qu’Eliott fuit l’appartement de James. Ce fut l'incident qui changea le futur que le destin avait écrit pour lui.

La blonde s’écroula au sol, en sanglots, inconsolable. James essaya de l’approcher mais il ne récolta qu’une gifle cinglante. Des hurlements se mirent à emplire la pièce alors qu’elle tentait de le frapper à tout prix. James s’éloigna d’elle et se mis à l’abri, tentant de se justifier, mais il était trop tard. Son couple d’apparence si parfait était détruit. Le pire dans tout ça était qu’il ne sentait pas une once de tristesse en lui… que du soulagement. À croire qu’il avait trop longtemps mis de côté sa vraie nature. Ne pouvant rester une seconde de plus en sa présence, Ashley attrapa toutes ses affaires et appela un taxi pour aller se réfugier chez une amie. Dawkins tenta bien de la retrouver après cet épisode désastreux pour lui expliquer que ce n’était pas comme ça qu’il aurait voulu que ça ce passe, mais jamais il ne pu la revoir. Pour ce qui est d’Eliott, James emménagea avec lui. Cependant le jeune modèle faisait plus office de meilleur ami avec bénéfice que de petit ami. Malheureusement pour lui, l’histoire de la drogue n’était pas terminée, et Eliott finit par le forcer à aller passer du temps avec des spécialistes qui pourraient l’aider avec ce problème.

Pendant plusieurs mois, James fut enfermé dans un hôpital déprimant pour tenter de lui retirer son besoin de drogue. Les seules visites qu’il reçut furent celles de ses parents et d’Eliott, qui lui apprit qu’il était tombé amoureux d’un autre modèle avec qui il comptait bien emménager lorsque James serait apte à reprendre son appartement. Malgré tout Eliott continua à venir le voir régulièrement, ce qui rendait réellement heureux le photographe.

Un matin de décembre, alors que la neige brillait dehors sous l’éclat du soleil, son père entra dans le centre de réhabilitation, secouant ses épaules pour en retirer la neige. En venant s’installer sur un sofa face à James ce dernier constata à quel point le temps avait passé et marqué le visage de son père. Pourtant le père Dawkins ne semblait pas avoir perdu le moindrement sa bonne humeur. Ce jour là, James lui annonça qu’il désirait changer de pays, recommencer sa vie à zéro. Son père tenta de le convaincre de rester en Angleterre parce qu’une place à la tête de la Dawkins Compagny l’attendait, mais James avoua qu’il ne se sentait pas prêt à prendre sa place dans la compagnie de disque, qu’il devait avant s’accomplir complètement en tant que photographe. Un peu triste, son père comprit néanmoins son désir de fuite. Il avança entre les deux sofa un boîtier pour guitare qu’il avait apporté avec lui. Son père n’avait pas besoin de s’expliquer. James savait ce qui dormait là-dedans. C’était une vieille guitare acoustique, vernie d’un brun foncé, au son exceptionnel. La guitare avait une petite griffure sur son flanc droit, causée par James lui-même lorsqu’il était jeune et qu’il était tombé dessus par accident. La vieille guitare de son père. James lui accorda un tendre sourire, ému par le geste symbolique de son père.

Trois mois plus tard, James Dawkins sorti enfin du centre de désintoxication pour commencer une nouvelle vie. Sa nouvelle destination? Zagreb!