Un regard bleu, un sourire charmeur. Un rire brulant et, des mains qui glissent sur des hanches. Que se passait-il ? Pourquoi se sentait-il si bien ? Un sourire et un baiser. Le premier mais, pas le dernier. Collés l'un contre l'autre, dansant sensuellement sur une piste de danse, ils oubliaient tout. Leurs problèmes, le monde extérieur. Il n'y avait plus que ce corps chaud et désirable. Plus que cette attirance puissante et folle. Ce désir brulant, passionné. Il n'y avait plus qu'eux.

Assis dans un canapé en cuir blanc, son regard vert fixant l'écran noir de la télé, il grogna. Elle était en retard et lui était bien trop anxieux ! Dans ses mains se trouvait une feuille, une simple feuille qui allait changer toute l'histoire. Soupirant, fermant un instant le regard, il sauta sur ses pieds en entendant la porte s'ouvrir. Une jolie femme entrant dans la maison, son tailleur gris la mettant agréablement en valeur. Son visage doux, ses cheveux attachés en un chignon. Elle était tellement belle. Mais, elle était...elle.

« Bonjour. »

La femme se redressa en sursautant surprise de voir son époux ici à cette heure de l'après-midi, habituellement il aurait dû être au travail, comme si souvent depuis plusieurs mois. Souriant amoureusement, elle remarqua le papier dans les mains du garçon mais ne dit rien. Finalement, elle ne savait pas ce que cela était mais, un mauvais pressentiment commença à lui vriller l'estomac.

« Tu es là bien tôt chéri ! Tu vas bien ? »

Elle s'approcha, glissant ses mains douces sur les bras de son amour, voulant l'embrasser, ce qu'elle fit. Un baiser chaste, juste pour saluer, pour lui dire qu'elle était là, qu'elle l'aimait. Oui, mais, Aurélien n'en fut que plus mal à l'aise. Déglutissant difficilement. Il ne savait pas comment le dire. Mais, il le devait. Cela durait depuis bien trop longtemps. Depuis plus de sept mois. Sept mois de purs bonheurs, de doute et de...trahison. Il devait le dire, il se devait de lui dire. Et, il allait le faire maintenant, peu importe les gants, peu importe si elle pleurait.

« J'aime quelqu'un d'autre. »

La bombe avait été lâchée. Sa femme se recula, les yeux ouverts en grands, choquée. Pourtant, un sourire apparut sur son visage doux. Elle ne voulait pas le croire, il le savait. Fermant un instant les yeux, il les rouvrit, fixant son épouse. Ne cillant pas, gardant sa stature droite et sévère. Ne pas flancher, montrer que c'était vrai, que tout allait se terminer. Ici et maintenant. Qu'une fois la vérité annoncée, il prendrait les sacs rangés dans la chambre et partirait.

« Je suis amoureux de quelqu'un d'autre. Ça fait sept mois. »

Sa femme sursauta une nouvelle fois, les larmes ne tenant plus, s'écoulant sur ses joues plus pâles qu'à l'habitude. Il ne voulait pas la détruire, il ne le voulait pas. Mais, le soir où il l'avait embrassé pour la première fois. Où sous l'effet de l'alcool il s'était laissé aller dans les bras de son amant. Ce soir-là, il avait su qu'il lui ferait du mal. Que plus jamais il ne pourrait aimer son épouse.

« Que dis-tu ! Ce n'est pas drôle mon chéri. Vraiment ce...tu es bête ! »

Elle rigola, elle essayait de ne pas croire un mot de ce qu'il lui avait dit. Mais, elle savait. Elle le savait depuis le début. Elle avait bien vu le regard de son époux changer. Elle avait senti cette odeur sur son corps et ses vêtements. Mais, elle s'était aveuglée, croyant à une passade, juste une petite jeune qui voulait essayer l'interdit. Juste cela. Oui. Mais, d'après la situation actuelle, elle s'était lourdement trompée. Car, maintenant qu'elle avait entendu les quelques paroles de son mari, elle savait ce qu'était le papier qu'il tenait dans sa main. Non, non. Impossible ! Ils étaient si bien ensemble, un couple parfait ! Aurélien soupira légèrement en la voyant faire la sourde oreille. Prenant son courage comme il le faisait depuis le début, il se rapprocha un peu de la jeune femme, lui lançant un regard triste. Que pouvait-il dire pour qu'elle se rende compte qu'elle ne le connaissait pas ? Que leur mariage n'avait été qu'une simple illusion du début à la fin ? Il passa sa main libre dans ses cheveux. Il voulait que ça se termine, là maintenant, rapidement.

« Je demande le divorce Haya. C'est fini. Je m'en vais. »
« ...non ! NON ! »

Elle fit un pas pour se jeter dans ses bras mais, il fit un geste pour l'éviter. Et, doucement, il glissa la feuille sur la table, retirant lentement son alliance, la posant sur cette même feuille. Son regard fixant sa femme, non, son ex-femme.

« Je suis désolé Haya mais...je l'aime et toi…non. »
« Ce...mais...ce n'est pas possible tu...pourquoi tu fais ça ? On est parfait tous les deux ! »

Elle pleurait. Si laide dans sa douleur. Il se mordilla l'intérieur de la joue et s'éloigna, se dirigeant vers la chambre, attrapant les grosses valises bouclées. Essayant de ne pas s'arrêter sous le regard démunit et suppliant d'Haya. Il s'arrêta devant la porte d'entrée. Fermant les yeux, n'entendant que les sanglots et les supplications de son épouse. Alors cela allait se terminer de la sorte ?

« Mon avocat te recontactera. »
« Au...Aurélien... »

Des bras tremblant s'enroulèrent autour de sa taille mais, rapidement, il l'obligea à lâcher. Un soupire passant ses lèvres, ne cachant plus son énervement. Il se retourna, juste une dernière fois. Son regard plonger dans celui de la jeune femme et, il finit par lâcher la dernière bombe, la plus grosse.

« J'aime un homme. Alors c'est fini. »

Elle ne réagit pas et Aurélien en profita pour sortir, la porte se refermant doucement dans son dos. Haya tombant sur le sol, choquée, pleurant comme elle ne l'avait pas fait depuis son enfance. Impossible. Tout avait été un mensonge ? Depuis le début ?

Un rire. Un gros baiser. Un autre rire et quelques larmes. Idiotes. Les yeux se fermèrent et, une main glissa dans le pelage doux. Merde. Seul. Il était maintenant seul. Deux mois qu'ils avaient divorcés, un mois que Lui était parti. De nouvelles larmes mais, une main qui vient les sécher rapidement. Stop. La page se tournait, c'était tout. Oui, voilà. Juste une page qui se tourne. Encore fois.

Il grogna alors qu'il froissait le journal qu'il tenait dans les mains. Ce n'était pas possible ! Il n'y avait que ça dans les journaux ! La guerre, les attentats et le nouveau centre-commercial. Ça l'énervait ! Franchement. Il avait autre chose à lire que ces inepties ! Bien-sûr que ça l'inquiétait, les attentats, les morts. Mais...Ne pouvait-il pas y avoir quelque chose de joyeux de temps en temps ! Bien-sûr le centre-commercial était joyeux mais, ce n'était qu'un endroit pour les gamins, les ados idiots et pré-pubères qui n'avaient rien d'autre à faire de leur journée. Lui, il n'avait pas que ça à faire et d'ailleurs, si le métro ne se dépêchait pas un peu, il finirait par arriver en retard pour le début du procès ! Par chance, le métro ce stoppa et, d'un pas ferme, rapide et sensuel il sortit de la rame pour marcher vers le palais de justice. Encore dix minutes. Ça allait le faire, il ne serait pas en retard et, même pas essoufflé. Parfait. Oui, parfait.

Mais était-se vraiment le cas ? Sa vie était-elle si parfaite ? Non, mais, il se devait de le penser, sinon, il aurait quelque chose à changer, il aurait envie de trouver l'interdit et la nouveauté. De se perdre dans un monde qu'il ne connaissait pas où ne comprenait pas. Sa vie n'avait rien de parfaite. Il se demandait même parfois si derrière ses sourires, il était réellement heureux ?