CHAPITRE UN : LA NAISSANCE

« C’est une fille Madame Adams. » Ma mère ne put retenir un sourire de joie puis des larmes de tristesse en pensant qu’elle allait devoir m’élever seule après avoir été abandonnée par mon père trois mois avant l’accouchement, ce dernier ayant évoqué le manque de sentiments pour elle. Un enfoiré ? Un connard ? Oh oui vous avez raison si vous le pensez. Durant les six premiers mois de ma vie ma mère essayait tant bien que mal de subvenir à mes besoins en faisant des petits boulots à droite et à gauche, en demandant de l’aide un peu partout mais sans grand succès ; Elle arrivait tout juste à gagner de quoi manger et m’acheter un ou deux vêtements. Vous me direz quand on devient mère à vingt ans c’est jamais facile surtout si on se rêvait faire de grandes études et devenir avocate dans un gros cabinet et avoir un énorme salaire. Malgré tout l’amour qu’elle avait pour moi elle ne pouvait plus continuer de la sorte, j’avais maintenant un an et je demandais bien sûr beaucoup d’attention, c’est avec le cœur serré qu’en ce jour d’hiver 1988 elle m’emmenait dans un centre pour jeunes orphelins tenu par des bonnes sœurs, ma mère étant très croyante elle savait qu’entre les mains des enfants de dieu je serais plus heureuse, que je serais bien traitée et qu’on me trouverait une jolie et grande famille pour que je puisse vivre comme toutes les petites filles. Ce n’est pas sans une larme qu’elle déposait un dernier baiser sur mon front avant de me placer dans les bras d’une des sœurs et de s’en aller sans regarder en arrière.

CHAPITRE DEUX : L’ENFANCE EST LA NAISSANCE DE L’ADOLESCENCE

Avoir huit ans c’est quoi ? Pas grand-chose en définitive ; On va à l’école, on travaille bien pour avoir de bonne notes et on se fait pleins de petits copains de jeu. Moi j’étais plutôt à bien travailler mais à rester dans mon coin, tous ces autres gosses eux ils avaient des parents qui venaient les chercher à la fin des cours, qui les tenaient par la main, qui les embrassaient et moi ? Et bien moi je partais seule. Bien sûr j’avais des amis mais ils partaient tous les uns après les autres pour une vie meilleure. Au centre on nous traitait bien ; On avait de l’aide pour les devoirs, des cours de catéchisme, des sorties le week-end et on s’amusait beaucoup malgré le fait qu’on n’avait pas de parents, les sœurs étaient un peu comme des mères pour nous ; Elles nous racontaient des histoires pour dormir, nous consolaient quand on pleurait et était là quand on faisait des cauchemars. Durant les quatre années qui suivirent je m’ouvrais plus en plus aux autres, je devenais peu à peu une jolie petite demoiselle de douze ans souriante, bien élevée et polie. C’est cette année que je l’ai rencontré, cheveux blonds comme le blé, des yeux verts et une voix à couper le souffle. Il avait trois ans de plus que moi et était dans la même école que moi. Au début je n’osais pas lui parler jusqu’à ce que je prenne mon courage à deux mains et que je me lance, la première fut la bonne. Après quelques mois c’était ma main dans la sienne que je marchais fièrement, je savais que je faisais des jalouses mais je m’en fichais j’étais amoureuse comme une folle peut-être un peu trop car je n’ai pas tardé à perdre ma virginité et j’ai appris à mes dépends que faire confiance à un garçon pouvait faire faire des choses terribles. Je me sentais sale, j’avais l’impression qu’on m’avait volé mon âme mais par amour on ferait n’importe quoi n’est-ce pas ? J’avais quatorze ans quand il dû déménager pour aller habiter je ne sais trop où, nous avions convenu de nous appeler tous les jours après son départ mais jamais le téléphone n’a sonné en un mois, enfin si mais ce n’était pas lui. Je m’étais tellement bien faite à l’idée qu’il était heureux où il était que je n’avais pas souffert du tout. Peut-être que c’était quatre ou cinq mois avant mon seizième anniversaire, je ne me rappelle pas trop « Meli-Rose descends manger. » Oui j’avais enfin trouvé une famille ; Un couple qui habitait dans les beaux quartiers de New-York. Wouaaah l’Upper East-Side m’ouvrait grand les bras, je me baladais dans les rues tapotant We will rock you sur mon jean délavé saluant les gens que je connaissais depuis bientôt un mois. Je m’étais coupé les cheveux très courts et il faut le dire ça faisait de l’effet ; Aujourd’hui les filles comme les garçons me reluquaient dans la rue. Ah oui j’ai oublié de vous dire je me suis découvert une fascination pour le sexe féminin depuis quelques temps, je n’aurais jamais pu penser qu’une fille nue ça pouvait être aussi excitant. Au départ c’était juste pour essayer, pour s’amuser mais très vite j’y ai pris goût, j’ai continué et j’y suis devenue accro. Mon dieu quel délice. Enfin vous vous en foutez de mes préférences sexuelles n’est-ce pas ?

CHAPITRE TROIS : QUAND ON DEVIENT ADULTE

Ca y est je rêvais maintenant de voyager, malheureusement pour moi je n’avais que dix-huit ans, j’avais lâché mes études pour travailler comme serveuse dans un café, c’est sûr que je ne gagnais pas des millions mais au moins je pouvais mettre de l’argent de côté pour mes futurs voyages ; Je rêvais de Paris, de Londres, de Moscou et de pleins d’autres destinations dans le monde entier mais ce n’étais pas avec mon maigre salaire que j’allais pouvoir m’offrir ça. Malheureusement pour moi mes parents adoptifs avaient fini par me mettre à la porte car c’est vrai je devais l’avouer on ne s’entendait plus du tout, j’étais devenue très nerveuse et j’avais eu le malheur une seule fois de lever la main. Après cet évènement j’ai pu prendre mes cliques et mes claques pour partir, j’ai d’abord logé dans une petite chambre d’un motel miteux puis en commençant à travailler j’ai peu me payer un studio dans le Queens. J’ai attendu pendant quatre ans pour partir voyager ; Je suis d’abord allée à Paris durant un an où j’ai trouvé un petit boulot de serveuse dans un petit café ce qui m’a permis d’apprendre le français. Durant cette année je l’ai rencontrée, elle, un joyau ; Mélanie. Elle était belle, gentille attentionnée et j’en étais folle amoureuse. Notre histoire a duré plus de dix mois mais par la suite elle m’a quittée en m’avouant qu’elle revoyait son ex depuis peu et que c’était la femme de sa vie. J’ai été plus qu’affectée par cette situation, je l’aimais vraiment et je voulais que l’on s’installe ensemble dans un joli petit appartement au centre de la capitale. Profondément blessée et touchée j’ai décidé de quitter tout ce qui pouvait trop me faire penser à elle. C’est sac sur le dos que je suis partie de la France pour me diriger vers l’est.

CHAPITRE QUATRE : AUJOURD’HUI

Aujourd’hui et depuis quatre ans je vis à Zagreb en Croatie, j’ai du travail et je suis parfaitement intégrée. Au début l’apprentissage de la langue a été un vrai calvaire mais je m’en sors plutôt bien malgré mon accent américain qui chatouille ma gorge assez souvent ce qui fait rire mon patron, mes clients et moi-même. Depuis mon arrivée j’ai beaucoup évolué et j’ai été étonnée de la liberté qu’a la communauté homosexuelle dans ce pays normalement fermer à cela. Je vis toujours en célibataire ne cherchant pas de relations stables. En gros je fais ma vie comme je l’entends et ça me convient.