« Bayani, qu'est-ce-que tu as fais encore ? » me demande mon père alors qu'il vient me chercher au collège à cause du principal qui l'a appelé. Il y a eu une bagarre et j'étais dedans, je ne l'ai pas commencé mais en tout cas je l'ai fini conscient. Je n'en ai pas l'air comme ça mais je sais me battre et je sais supporter les coups. D'ailleurs je sais que je vais en prendre encore en rentrant, mon père ne sachant qu'utiliser ses poings pour m'éduquer. J'espère que personne ne trouvera la raison de la bagarre. On me connaît déjà assez sur cette île de moins de cinq cent habitants, avec un père ivrogne marié à une philippine et non à une fille du pays, alors si en plus on apprend que le gamin de treize ans que je suis regarde un peu trop attentivement ses camarades garçons dans les vestiaires … « Jozo m'a cherché et j'ai répondu c'tout. » je lui réponds sans le regarder. On rentre dans le bureau du principal qui me fait la leçon encore une fois – ce n'est pas la première fois que je rentre dans son bureau mais pour une bagarre c'est une père – et je suis viré du collège pendant trois jours. Là j'ai peur, je vais devoir être pendant trois jours complets dans la même maison que mon père. Le principal doit pourtant avoir des doutes, il a bien vu mes bleus et mes blessures. « S'il vous plaît monsieur, ne me virez pas, je … j'aiderais les femmes de ménage comme punition ou je ne sais pas mais ne me virez pas, s'il vous plaît. » je le supplie « Arrête de te comporter comme une femme à supplier et accepte ta punition gamin. » me lance mon père en me mettant un coup de coude qui me coupe le souffle. Je me reprends, suivant l'ordre de mon père qui risque de se faire plus violent, et je me prépare au pire pour les trois prochains jours. Et j'ai eu raison.


Au revoir Prvić, bonjour le monde … du moins le reste de Croatie. Je n'ai pas vraiment eu le choix, j'ai été viré de chez moi parce que je n'ai pas voulu acheter de l'alcool à mon père à la place de la nourriture pour la semaine. Son estomac se remplit peut-être d'alcool mais j'ai besoin de réel nourriture. J'ai pris le premier bateau clandestinement mais je me suis fait prendre alors je me retrouve dans une cellule. Merde, ma nouvelle vie commence mal. « Pourquoi t'es monté gamin ? » « Je suis pas un gamin ! » je réponds aussitôt même si techniquement je suis encore un gamin avec mes seize ans mais c'est comme ça que m'appelait mon paternel et hors de question qu'un autre m'appelle comme ça. « J'ai été viré de chez moi. » je réponds , voyant bien que ne pas répondre n'est pas une option. « Pourquoi ? » « J'ai pas voulu lui acheter de l'alcool. » « Et les bleus ? » « A votre avis ? J'ai un alcoolique comme géniteur, vous croyez quoi ? » « Et tu vas faire comment pour vivre une fois sur terre ? » je n'ai pas pensé à ça, j'ai seulement pensé à m'éloigner un maximum de cet homme. « Je … je trouverais. » « Tu peux rester ici si tu sais te montrer utile. » « C'est-à-dire ? » « Il y a toujours quelque chose à faire sur un bateau. » « Je peux laver et aider en cuisine. » « Tu sais cuisiner ? » « Le steak cru ça m'a jamais tenté. » et je ne vais pas attendre que mon père me fasse à manger. Il m'a donné ma chance et je lui ai prouvé que je peux être utile. Grâce à lui j'ai eu un toit, à manger et je pouvais même économiser.

Je réveille avec comme d'habitude mon lit qui bouge un peu enfin la pièce entière vu que je dors sur un bateau et le courant le fait bouger un peu. J'ouvre les yeux et je me rends compte que je ne suis pas dans mon lit. Et que je ne suis pas seul. Et que je suis nu. Merde, est-ce-que … non quand même pas ? Je regarde et je vois bien quelqu'un à côté de moi et il a l'air tout aussi dénudé que moi. Merde, j'ai perdu ma virginité à dix-huit ans et j'en ai aucun souvenir ! Sans parler que j'ai couché avec mon patron ! « Salut gamin. » « Je t'ai dis de ne pas m'appeler comme ça. » « Désolé. » « Pas grave. » j'évite de le regarder, je ne sais pas quoi dire ou penser. J'ai trop bu hier soir, on a fêté mon anniversaire et j'ai trop bu. Il a du trop boire lui aussi. Il doit le regretter et il va sûrement me renvoyer. « Alors hier soir, ça t'as plu ? » « Euh … » je ne m'attendais pas à ça « Je m'en souviens pas, on a du trop boire. » « Je peux te le rappeler si tu veux. » finalement il ne doit pas le regretter. Il m'embrasse et vous savez tous ce qu'on a fait. Me voilà dans une relation avec mon patron de douze ans mon aîné.

Tout ne dure qu'un temps, j'ai été renvoyé après presque quatre ans. Je n'ai pas envie d'en parler, je repars une nouvelle fois de zéro sauf que cette fois je sais à quoi m'attendre et j'ai un peu d'argent de côté. Je pars en direction de la capitale pour trouver un travail et un toit, en attendant je dors où je peux pour économiser un maximum d'argent. Je me demande ce que la vie me réserve encore.