Simo Vlastimir Raos est né dans la petite ville de Paslières, au fin fond de l'Auvergne française. Il est le deuxième enfant d'une lignée de quatre. Son grand frère, d'un an son ainé s'appelait Filip. Son petit frère, né une année après lui, c'était Ivan. Et sa petite soeur Tatjana, la toute dernière, était né cinq ans après lui. Bien qu'ils soient tous nés en France, d'une mère Française, Marie-Anne Coutellier, ils portaient tous des noms Croates, à la demande de leur père, Bogdan Raos, Croate de naissance, ayant émigré en France à l'age de 21 ans. Mais passons nous tout de suite des détails inutiles de son enfance dans une petite ville perdu en campagne. Inutile de décrire sa relation avec ses frère et sœur ; qui était somme toute banale, jonchée de hauts et de bas, de rires et de disputes d'enfants. S'il ne fallait retenir dans toutes ces choses un seul détail important, ce serait la passion qu'avaient Simo et son frère pour les deux métiers de leurs parents. En effet, Simo était passionné par le travail de sa mère, une pâtissière, qui tenait une petite boutique dans ce qu'on pourrait appeler le centre ville. Une boutique toute simple, avec un comptoir en pierres, trois petites tables en fer accompagnés de leurs chaises assorties. Et surtout, les somptueuses pâtisseries de sa mère. Et de son côté Filip était lui passionné par le travail de menuisier de son père.
Dans tout cela sa vie a été somme toute banale. Comme tout à chacun il aura eut de bons moments comme des mauvais. Certes de très mauvais moments. De très difficiles moments qui, successivement, dirigèrent sa vie. Mais, finalement, n'est-ce pas la même chose pour tout le monde ? Notre vie n'est-elle pas tout les jours dictée par des moments de peines que nous avons ? Par des moment heureux aussi, et évidemment Simo en a eut, et énormément. Mais tout n'est pas forcement utile à se rappeler. C'est vrai, on se fiche de se souvenir avoir été heureux de diner au restaurant, ou d'avoir perdu ses clés. Ce qui importe vraiment, ce sont les moments qui nous emplissent d'une joie ou d'une tristesse si intense que notre esprit en est marqué à jamais. Ce qui compte, c'est la nature de nos psychoses. Que ces dernières soient faibles ou immenses ce sont elles qui nous définissent le plus. Ce sont nos peurs véritables, nos désirs enfouis. C'est notre vrai nous. Et ce sont ces moments intense que nous avons vécus qui les définissent.
Alors passons dès à présent à ce qui nous intéresse !

Juillet 1997
Simo a dix ans. C'est l'été et toute la famille pars en vacances. Le père du garçon est heureux d'emmener toute sa petite famille à Zagreb, en Croatie, ville ou il est né et à grandit. Il s'était fait honneur de faire connaître ses racines à ses quatre enfants, ainsi que la langue, qu'ils parlaient tous couramment. Ce qui était bien, c'est que la plage n'était pas très loin. Durant ces vacances qui à la base devaient durer tout un mois, le 13 Juillet est le jour qui marqua la vie du garçon, et de toute sa famille, pour la première fois. Personne, mais vraiment personne, n'aurait jamais cru que les vaguent seraient si fortes. Le temps était pourtant idéal pour sa balader sur la plage, admirer le paysage et évidemment se baigner. Personne n'aurait jamais crue que les vaguent seraient si fortes. Simo et Ivan s'étaient éloignés de la plage à la nage. Mais à dix et huit ans, quand le courant vous emporte et que les vaguent vous retournent et vous enfonces sous les abysses, vous ne pouvez pas faire grand chose. A huit et dix ans on n'est pas censé étouffer sous la mère, se noyer les poumons pleins d'eau salé.
De toute cette épreuve, après toute cette bataille perdue d'avance, les sauveteurs n'ont pu ressortir vivant de l'eau qu'un seul petit garçon, Simo. Le second, lui, on ne l'avait même pas retrouvé. Perdu dans l'océan.
Imaginez l'enterrement. Comment pourrais ont envisager à dix ans d'enterrer son petit frère ? Comment pourrait-on envisager d'enterrer qui que soit à dix ans ? Et comment envisager même pour ses deux parents d'enterrer leur fils de huit ans ? Alors qu'est-ce que ce doit être quand le cercueil est vide ? Cette douleur de voir une boite vide qui ne cesse de vous rappeler que votre enfant est perdu, on ne sait où.

Février 1998
C'est toujours traumatisant pour un enfant de voir ses deux parents divorcer. Suite au drame qu'avait vécu la famille, le couple n'avait réussis à s'en remettre et, même s'ils n'avaient pas vraiment cessé de s'aimer, ils ne pouvaient plus vivre avec ce poids. Ce si lourd poids de se demander si l'on doit tenir l'autre responsable ou non de la mort de son enfant. C'est Marie-Anne qui garda la maison où les enfants avaient grandit. Bogdan décida de retourner à Croatie, à Zagreb. Son fils n'ayant jamais été retrouvé, l'homme estimait que c'est là bas, où il l'avait perdu, qu'il serait le plus proche de lui. Son fils Filip le suivit. Passionné par la menuiserie il avait commencé à travailler avec son père. Malgré ses douze ans il savait déjà que le métier de menuisier était le métier de sa vie. C'est donc à la fin du mois de Février que le garçon dut se séparer de son père et de son frère ainé après avoir perdu Ivan.

Mars 2005
L'overdose de Tatjana fut fatale. C'est si triste de perdre la vie à treize ans. Surtout pour un petit tripe à la coke. Et dire que pendant ce temps là Simo était dans la chambre à côté en train de découvrir les joies de l'homosexualité. La vie est mal faite parfois. Simo ne se remettra jamais de cette deuxième perte. Et sa mère non plus. Celle-ci le considérais comme responsable de la mort de sa fille. C'était lui qui l'avait emmené à cette soirée où elle avait prit de la drogue. Et où était-il quand elle faisait son overdose ? Pourquoi n'avait-il aucune explication ? La femme ne supportait plus de vivre dans une demeure ou avait vécu deux de ses enfants décédés et ou le seul à y vivre encore était l'enfant qui la faisait vomir.
La femme pris la soudaine décision de tout abandonner. Du jour au lendemain elle fit ses bagages et partit. Elle vendit sa boutique, sa maison, et décolla en avion pour voyager et tout oublier. Elle écrivit un simple mot, rapidement, pour expliquer à son fils qu'il avait un mois pour quitter les lieux.

Avril 2005
Monsieur Raos économisa pendant le mois entier pour acheter un billet d'avion à son fils, lui permettant de rejoindre son père et son frère à Zagreb.
La garçon travailla durant des années, tout d'abord pour rembourser son père, mais aussi pour réaliser un petit rêve qu'il gardait enfoui en lui depuis déjà bien longtemps. Ouvrir un petit restaurant français, pour faire connaître la France aux Croates. Son pays natale. Mais pas n'importe quel restaurant. Un restaurant de petit déjeuner. Quelque chose qui serait ouvert tôt le matin, et qui fermerais dans l'après midi, pour avoir le temps de vivre.

Juillet 2012
Aujourd'hui Simo Vlastimir Raos a 25 ans. Il est le gérant d'un petit restaurant dans Zagreb, au « Croc Madame ». C'est un petit lieu convivial, avec un petit bar en pierre, trois ou quatre petites tables en bois, ornées de leurs cousins en tissus de couleur prunes. Une touche de campagne française, dans cette Croatie si loin de son pays natale ou il avait laissé tant de choses, tant de beaux et bons souvenirs. .