Une boîte de nuit … Gay. Putain de bordel de merde, qu’est-ce que tu fous là, Josch ?

C’était la seule et unique question qui tournait en rond dans la tête du jeune homme. Enfin, ça n’était pas une boîte gay seulement ! Mais … Aux yeux du petit brun, dès qu’un couple d’hommes se baladait sous ses yeux sans complexe, même s’ils s’étaient embrassés dans une laverie, la laverie devait directement associée aux homosexuels. En fait, tout endroit quel qu’il soit où les gays étaient passés leur devenait associé. Et cette réflexion régressive s’appliquait ici aussi. Aux yeux de Josch, dès qu’il avait vu deux mecs s’embrasser au fond de la boîte, l’endroit était devenu un vaste complexe pullulant, infesté de mâles en chaleur. Et ça ne lui plaisait pas. Non, vraiment pas du tout. Pourquoi est-ce qu’Alexander avait trouvé bon de lui donner rendez-vous ici, d’abord ? Oui, bon, d’accord, c’était Josch qui avait insisté pour dire qu’il avait la flemme d’aller dans une boîte trop loin, et il n’y avait que celle-ci à proximité. Donc ça n’était pas entièrement la faute de son ami. Mais quand même ! Là c’était du foutage de gueule, l’amener lui, Josch, dans un endroit pareil, revenait à signer sa propre mort.

Le regard du jeune homme se fit à la fois dégoûté et outré, lorsqu’un homme qui passait par là lui adressa un petit sourire charmeur. Ses yeux s’écarquillèrent. Oh mon dieu. Oh mon dieu. L’espace d’un instant, ayant totalement oublié qu’il devait rejoindre son ami, Josch prit ses jambes à son cou et sortit en trombe du Lemon Club. Putain. L’endroit semblait s’être transformé en clip de Cuir Moustache ! Un frisson d’horreur traversa désagréablement l’échine de Josch sur toute sa longueur. Non, non, et re non. Il n’avait absolument rien à foutre ici !, cet endroit n’était pas son univers, non ; loin de là. Mais … Pourtant, un petit fond de désir s’était éveillé en lui, à la vision de tous ces couples. Et ça le dégoûtait encore plus de savoir qu’il aimait ça. Impossible. Tout, sauf ça.

L’air froid et mordant le prit au visage, une fois sorti de la boîte. Josch inspira à grands coups, pour essayer de se calmer. Il ne pouvait pas paniquer comme ça, et surtout pas devant Alexander – qui prendrait certainement un malin plaisir à l’asticoter sur cela. Tout en s’adossant au mur, le jeune homme entreprit de sortir son paquet de Marlboro et glissa une cigarette entre ses lèvres. Il l’alluma, et au bout de quelques taffes, une vague de bien être l’envahit. Son cœur ralentit légèrement, et ses épaules se détendirent. La cigarette, un moyen sympathique d’entretenir votre cancer en vous détendant.

Les yeux de Josch détaillaient les quelques personnes présentes à l’extérieur la boîte. Il y avait des personnes seules, femmes et hommes, ainsi que quelques couples ; il se tendit. Des couples gays ? Un petit sourire s’afficha finalement sur son visage, lorsqu’il avisa finalement un couple hétérosexuel. Ah ! Enfin un peu de normalité dans cet endroit. Oui bon, d’accord, ses pensées étaient totalement homophobes et rétrogrades. Mais Josch avait toujours été comme ça ; incapable d’accepter les choses faisant véritablement partie de son identité. Ou, tout du moins, le petit brun avait toujours mit très longtemps avant d’accepter d’être ce qu’il était ; et encore, pas en totalité. Pas encore en totalité – peut-être jamais, d’ailleurs. L’homosexualité révulsait Josch, et ce depuis de nombreuses années désormais. A vrai dire … C’était depuis le jour où lui-même avait compris qu’il était attiré par les hommes, et uniquement les hommes, que ce dégoût avait commencé à l’envahir. Il était attiré par les hommes !, mais ça n’allait pas se passer comme ça. Et personne n’avait le droit de le faire rager intérieurement en exposant un bonheur auquel il n’aurait jamais droit. Aimer un autre homme, c’est contre nature. Voilà la pensée qui avait tourmenté Josch des années durant – et qui continuait de le faire aujourd’hui. Et ceux qui arrivaient à passer au dessus de cela étaient, pour lui, les personnes qu’il enviait le plus au monde. Parce qu’ils avaient réussi à faire quelque chose que lui, ne pourrait jamais faire. Cette phrase, cette interdiction, « aimer un autre homme, c’est contre nature » que le brun s’était imposé tout seul le bloquait. Etait comme un barrage, un horrible barrage. Mais il ne pouvait faire autrement.

Soudainement mal à l’aise, Josch détourna le regard, pour fixer le sol devant lui. Il avait hâte qu’Alex arrive, désormais, qu’ils puissent soit changer d’endroit, soit se bourrer la gueule pour que le jeune homme puisse enfin oublier ses propres interdits et s’amuser un peu. En attendant, ce serait son paquet de clopes qui allait lui tenir compagnie.