▲ Nessiteras est née ici, à Zagreb, en Croatie, un doux deuxième mai. Son père était un écossais pur-sang, roux aux grands yeux noirs, qui était tombé éperdument amoureux d'une jolie slave aux yeux clairs, la mère de Stasya. Ils avaient tout deux déménagé dans cette grande ville quand ils ont voulu un enfant, préférant l'élever là-bas.

Son père demanda qu'elle soit nommée Nessiteras. Pourquoi, allez-vous demander ? Pour lui rappeler les gênes écossaises de la famille. Nessiteras rhombopteryx est le nom scientifique donné au monstre du Loch Ness si mythique et si connu en Ecosse. Oui, il avait un humour un peu spécial, mais que voulez-vous, ça arrive, malheureusement pour l'enfant...
Et justement, la mère, plus sage et tout de suite moins marrante que son homme, pensa à cela et lui donna un second prénom qui sonnait bien plus slave : Stasya. Un diminutif d'Anastasia qu'elle trouvait bien plus beau, et qui plus est, était aussi le prénom de sa grand-mère décédée.

Nessiteras Stasya Lesskov-Drummond. Un nom complet bien compliqué, et tellement mélangé ethniquement parlant qu'il sonnait presque comme le début d'une blague raciste de mauvais gout.

La jeune croate vécue une enfance plutôt heureuse, avec, comme pour tout le monde, de hauts et des bas. C'était une gosse assez sensible mais adorable, qui n'avait aucun mal à se faire aimer. Elle souffrit à peine de la couleur de ses cheveux, si spéciale à côté de la couleur capillaire des autres enfants, parce qu'elle arrivait à passer au-dessus et à ne pas écouter les commentaires des plus méchants.
Ses parents étaient deux personnages tout aussi aimants et adorables, qui soutenaient leur fille contre vents et marées. Du genre cliché de famille parfaite, avec aucun défaut.

Jusqu'à l'adolescence de Nessiteras.

Au début, tout allait bien, c'était juste une ado qui voulait plus, voir trop de libertés, qui aimait bouder pour un rien, et criait lorsque quoi que se soit ne lui plaisait pas. Mais ça, c'était quelque chose de moins perturbant que la suite pour les parents, et surtout les proches.

Stasya découvrit sa bisexualité assez jeune, vers ses 14 ans. Oh ! En soit, ce n'était pas grave, pour elle en tout cas, ça ne l'était absolument pas... Pour les autres un peu plus.
Encore toute naïve et gentille qu'elle était -les restes de l'enfance, sûrement-, Nessie ne savait pas que demander de sortir à une fille plus âgée allait poser problème. Elle ne le savait pas, vraiment, on ne lui avait jamais rien dit là-dessus ! Ses parents étaient ouverts d'esprit, certes, mais trop timides ou gênés ou autre chose que pour parler homosexualité avec leur fille toute juste adolescente. Et les autres élèves, ses amis, évitaient clairement le sujet sexualité et orientation...

Alors, en faisant son petit bonhomme de chemin, elle alla voir cette si jolie russe qui lui avait tapée dans l'oeil. Elle voulait juste la connaitre, tout en glissant des petits compliments, pas ci, par là, pour voir si oui ou non la jeune ado était intéressée... Mais elle ne se prit que des insultes. La russe avait soudainement grimacé au premier compliment, avait vivement reculé, avant de lui cracher des mots que même le plus vulgaire des chalutiers auraient retenu. Stasya en prit pour son grade, c'est certain, mais elle n'y comprenait toujours rien.

Et qu'est-ce qu'on fait quand on n'y comprend rien ? On va questionner maman ou papa, pardi ! Et c'est ce que fit Nessiteras. Elle alla poser des questions à sa mère qui, en l'entendant, eut les yeux ronds comme des assiettes. Oups. Maman n'avait pas l'air d'aimer ça... La pièce fut pendant quelques minutes couverte d'un silence pur et gêné avant que la mère offre un petit sourire tremblant, lui tapote gentiment la tête, et lui explique.

Certaines personnes, mais pas toutes, étaient attirées par les gens de même sexe qu'eux. Et d'autres personnes refusaient ça, ils disaient que c'était anormal d'être "homosexuel" ou "bisexuel". C'est sûr que Nessiteras apprit des mots, à ce moment-là, mais encore une fois, la compréhension n'y était pas...

Enfin, si ! Elle avait compris une chose. Qu'elle devait se battre pour prouver à ses "homophobes" qu'elle était normale. Que ce qu'elle faisait, elle le faisait si elle voulait, avec qui elle voulait. Elle a appris à rester elle-même, grâce à sa mère qui l'aida, du mieux qu'il put, malgré qu'elle-même n'y connaissait pas grand chose et était énormément gênée par ça.

Stasya grandit encore, toujours en restant elle-même, avec ses parents qui la soutenaient. Elle passa son adolescence plus ou moins rapidement, même si elle souffrit plus qu'elle ne le dit jamais de l'éloignement de certaines personnes. Évidemment, le fait qu'une fille en ai draguée une autre avait rapidement fait le tour de l'école, et même si elle se battait pour ce qu'elle était, la rousse eut du mal. Elle fut bien contente quand, enfin, elle quitta les cours chiants, les professeurs chiants et les élèves chiants.

Elle se construit une vie, en travaillant avec des enfants, en partant de la maison même si ses parents sont toujours là pour elle. Nessiteras eut des amours, filles et garçons, mais rien qui ne dura très longtemps, malheureusement...

La presque écossaise n'a jamais eut, jusque-là, de réel problème de violence, agression ou autre par exemple, à cause de sa bisexualité. Elle espère juste que ça ne changera jamais... Enfin, là, vu le changement de la ville, Stasya en doute.