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 Ethel || Paralyzed.

Drake I. Szandor
Drake I. Szandor

Je suis arrivé à Zagreb le : 14/03/2014 J'ai posté un total de : 435 kunas en banque. On me dit que : Jonathon Ng Je crédite : Abyss (avatar) et SIAL (signature) donc j'ai : 23 ans à : donji grad La classe hein ! Côté cœur je suis : perdu avec : toutes ces émotions différentes


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MessageSujet: Ethel || Paralyzed.   Ethel || Paralyzed. EmptyJeu 21 Juin - 1:09

Tu n'aimais pas ton visage avec des lunettes, avant. Tu trouvais que tu faisais trop sérieux, trop intello, qu'elles grossissaient tes yeux, qu'elles te rendaient moche. Et puis Elle est apparue dans ta vie, et aussitôt qu'elle t'a déclaré qu'elle adorait te voir avec, tu t'es mis à aimer ton reflet dans le miroir lorsque tu les portais. Elle avait toujours eu un effet de dingue sur toi, sur la façon dont tu te voyais. Elle avait été ton miroir. Et puis, elle s'est éloignée. Elle s'est fissurée. Et elle est partie. Penché sur ton écran, un troisième café aux côtés de ton ordinateur, tu rehausses les lunettes sur ton nez en te faisant la réflexion que si elle était là, elle te dirait que tu ressemblais vraiment au cliché de l'écrivain ; lunettes, ordinateur, café et air de sortie du lit. Tu souris à ce souvenir, et aussitôt, ta poitrine te pince. C'était mieux. Avant, elle s'enflammait. C'était mieux. Ca s'en allait. Petit à petit. Lentement. Trop. Tu te demandais si le sentiment partirait totalement, un jour.

Tes doigts se remettent à caresser le clavier. Ils volent sur les lettres, forment les phrases qui tournent dans ton esprit, il y en a trop et tu as l'impression de ne jamais aller assez vite, qu'il y a un million de formulations que tu manques, qui passent et que tu oublies la seconde d'après, un million de mots que tu rates, que tu effaces, un million de mots qui ne représenteront jamais assez ce que tu veux décrire. Ecrire, c'était avoir l'impression de ne jamais en dire assez. Et parfois tu voudrais que ton esprit se taise, qu'il se débarrasse de tous ces mots, toi tu voudrais le silence et le vide, n'être rien, que tout flotte en toi. Mais il y a les mots en boulet sur tes sentiments, les mots qui te maintiennent au fond et tu écris encore et encore, pour les chasser, les faire disparaître, te sentir mieux. Mais tu n'en n'écris jamais assez. Et tu as mal à la tête. Tu finis par abandonner, pour le moment. Tu retires tes lunettes, viens frotter tes yeux un moment tout en abaissant l'écran de ton ordinateur.

C'est là que tu le vois. Tu sentais depuis un petit moment que l'on te fixait, sans y prêter plus d'attention que ça. Mais maintenant que tu reviens un peu à la réalité, que ta bulle s'est éclatée, tu l'aperçois. Et tu souris. Tu te dis qu'il t'a reconnu, qu'il t'a peut-être déjà lu, alors tu lèves la main et lui fait un petit coucou, pour peut-être le détendre et l'inviter à s'approcher. Tu n'as jamais mordu personne ; c'était plutôt les autres qui te mordaient, en général.


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Ethel Kasun
Ethel Kasun

Je suis arrivé à Zagreb le : 09/11/2014 J'ai posté un total de : 70 kunas en banque. On me dit que : Louis Tomlinson. donc j'ai : 22 ans La classe hein ! Côté cœur je suis : célibataire. Me, myself and i : Ethel || Paralyzed. Original




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MessageSujet: Re: Ethel || Paralyzed.   Ethel || Paralyzed. EmptySam 23 Juin - 22:27

Tu n’avais pas cette habitude, avant. Chez toi, sortir du lit signifiait se rendre dans la salle de bain minuscule et se laver accroupi dans le bac rempli d’eau à moitié froide que ton père remplissait tous les deux jours. Puis, tu allais toujours déjeuner avec ta mère qui était assise dans la cuisine, les yeux un peu dans le vide, fixés sur la télévision sans vraiment voir les images qui y apparaissaient. Tu mangeais en silence, une tartine trop grillée trempée dans un café bon marché au goût un peu âcre. Le matin était un abîme de silence et de courants d’air. Tu ne voulais pas sortir de chez toi, tu aurais voulu passer tes journées assis près de ta mère, à lui sourire sans un mot, à ignorer la violence de l’éclat du soleil sur le trottoir défoncé que tu allais devoir emprunter pour rejoindre l’école.

Maintenant, dès que ton réveil résonne, tu t’empresses de sortir de ton appartement. Tu détestes manger seul face au mur fissuré de ta cuisine, tu détestes entendre les bruits de chasse d’eau dans l’immeuble, la porte du voisin qui claque lorsqu’il va faire sortir son chien, les éclats de voix des locataires d’en-dessous qui ne cessent jamais de s’engueuler. Tu fuis ton propre abri, préférant de loin te fondre dans la foule dès huit heures du matin, et rejoindre un café pour y acheter ton petit déjeuner. Tu aimes t’asseoir à une table, observer les gens venus comme toi échapper au silence d’un repas en tête à tête avec soi-même.

Ce matin, c’est dans ce café un peu chic que tu as décidé de commander un thé. Assis sur un grand tabouret près du bar, tu remues lentement ta petite cuillère dans le fond de la tasse pour faire fondre le sucre roux que le patron a mis dedans. Il y a une télévision dans le fond, qui diffuse un match de basket. Tu regardes sans vraiment réfléchir, happé par les couleurs criardes de l’écran.

Ce n’est que lorsqu’une employée dépose devant toi un muffin à la framboise que tu sors de ta torpeur, prenant le temps de la remercier brièvement avant de descendre du tabouret. Tu pars t’asseoir un peu plus loin, à une table en retrait, près de la vitre. D’ici tu peux voir tout le café. Il n’y a pas grand monde. Un couple attablé devant deux chocolats chauds et des croissants, une jeune femme très maquillée sirotant un café en lisant un bouquin, deux trois habitués en train de boire leur première bière de la journée tout en commentant le match et un mec, un peu plus vieux que toi, l’air absorbé par ce qu’il écrit sur son ordinateur.

Malgré toi, c’est sur lui que tu t’attardes. Son visage t’es vaguement familier… Tu as l’impression de l’avoir vu récemment, peut-être dans la rue, ou dans ton école. Est-ce qu’il est prof ? Il n’en a pas vraiment l’air. Trop… Bohème. Un peu ailleurs. Les cheveux mal coiffés, les yeux fatigués et pourtant brillants, maintenus en vie parce qu’il tape fébrilement sur son clavier. Un air d’artiste…

C’est ce qui fait tilt dans ton esprit. Ce mec, tu connais son visage parce qu’il est imprimé en XXL sur le bus que tu prends tous les matins pour rejoindre l’école de police. Drake quelque chose… Un écrivain. Le titre de son dernier bouquin t’échappes, mais tu te rappelles avoir eu un pincement au coeur en voyant cette réclame. Depuis combien de temps n’as-tu pas ouvert un livre, autres que ceux que tu dois ingérer pour tes cours, apprendre bêtement par coeur, recracher lors des évaluations ? Il y a une éternité, sûrement… Tu ne te rappelles même plus vraiment de l’époque où trimballer un bouquin dans ton sac était une obligation, une question de vie ou de mort. Tu ne te rappelles plus non plus comment tu as pris la décision d’arrêter, pourquoi est-ce que c’est arrivé. Il n’y a que ces mots de ton père qui tournent dans ton esprit : « Lire, c’est pour les gonzesses. Tu ferais mieux de t’intéresser aux bagnoles. » Lire, c’est pour les gonzesses, mais lire te rendait vivant. Tu as abandonné ça, en voulant devenir un homme, un vrai, correspondant aux critères qui étaient ceux des gens du village.

Et aujourd’hui, souvent, la lecture, l’écriture… Tout ça te manque.

C’est sûrement pour ça que tu le fixes un peu trop longtemps. Tu le trouves fascinant, cet écrivain connu qui vient taper sur son ordinateur au milieu d’un café presque désert. Pourquoi n’est-il pas chez lui, tranquillement installé sur son canapé ? Pourquoi éprouve t’il le besoin de venir puiser ses idées au milieu de la rumeur incessante de l’activité des rues ? Brusquement, tu as envie de tout savoir de lui : s’il est un homme malgré son métier, ce qu’il écrit, ce dont il rêve, la façon dont il parvient à répondre aux gens, la façon dont il combat le silence.

C’est lui, pourtant, qui esquisse un geste en premier. Ses yeux plongent dans les siens, et tu n’as pas assez honte pour baisser le regard. Ce n’est pas ton genre. Tu préfères lui jeter un regard qui se veut être un défi, même s’il ne semble pas vraiment l’interpréter comme tel. Il te sourit, et te fait signe de le rejoindre.

Tu n’hésites même pas.
Tu aimes parler aux gens.
Tu aimes t’abreuver d’eux.

Ta discussion avec cet homme, Erèbe, te revient encore parfois. La nuit avait fait de vos mots des étoiles, et tu espères, sans doute, que le matin en fasse des morceaux de soleil.

Tu t’installes face à lui, nonchalant. Les poings enfoncés dans les poches de ta veste en jean un peu trop longue, un sourire léger sur le visage. Il attend sans doute que tu expliques tes regards, ton insistance à l’observer, alors tu dis :

« Tu es l’écrivain célèbre, non ? Celui qui est sur tous les bus ? T’écris là ? Ou tu fais autre chose ? »

Tu t’en fous d’avoir l’air d’un gamin, avec tes yeux qui brillent un peu. T’as l’impression d’être face à une célébrité, même si tu fais comme si ça ne te touchait pas plus que ça. Pourtant, tu sens tes paumes devenir moite et tes gestes trahir ton excitation. Tu attends qu’il te réponde, avec l’envie que ses mots soient différents de ceux de tous les autres. Qu’ils soient à la hauteur du talent que tu lui imagines.
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Drake I. Szandor
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Je suis arrivé à Zagreb le : 14/03/2014 J'ai posté un total de : 435 kunas en banque. On me dit que : Jonathon Ng Je crédite : Abyss (avatar) et SIAL (signature) donc j'ai : 23 ans à : donji grad La classe hein ! Côté cœur je suis : perdu avec : toutes ces émotions différentes


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MessageSujet: Re: Ethel || Paralyzed.   Ethel || Paralyzed. EmptyMar 26 Juin - 2:00

Lorsque tu le vois, tu penses à toi quand tu étais un peu plus jeune. Vous deviez avoir le même pourtant, à peu près, tu le vois à ses traits, encore juvéniles et en même temps si adulte déjà. Mais il te rappelait toi, il y a quelques années. Un peu hautain mais si perdu. Si admiratif, mais l'air nonchalant. Il te rappelait toi quand  tu es allé à ta première dédicace de ton auteur favori. Plus encore, il te rappelle lorsque tu l'as rencontré et serré la main un jour, lors d'une rencontre en maison d'édition. Le cœur battant la chamade, les mains moites, l'impression de mourir de joie sur place. Ton sourire s'étire. Il a les mêmes yeux brillants que toi, et c'était beau. Cet homme aimait la littérature. Tu ne saurais comment justifier cet instinct, cette réflexion que tu te fais en le voyant ; mais c'est le cas. Quand tu le vois, tu as envie de lui offrir tous tes mots qui restent coincés dans ton crâne, pour que lui aussi puisse les recracher sur le clavier, qu'il découvre cette sensation si particulière et si unique de poser des mots sur nos maux, de déchiqueter nos sentiments pour les coucher sur le papier. Est-ce qu'il l'avait vécu ? Tu l'observes, et tu te dis que oui. Mais qu'il y a autre chose.

Il y avait toujours autre chose.
C'était là la magie des humains.

« J'écrivais. » Plus maintenant. Trop mal. Trop vide, aussi. Ta tête est trop vide. Il te faut des mots, plus de mots. Pour t'en débarrasser, les coucher sur le papier, les étouffer, pour revider ta tête. Cycle infini. Cercle vicieux dans lequel tu te complaisais. Tu lui souris. Doucement. Il te rappelle toi. Tu te souviens aussi de tes attentes, à ce moment-là, et tu as peur de ne pas correspondre aux siennes. Tu étais banal. Beaucoup trop. Tu étais à moitié éclaté en morceaux, gisant là, tu portais un masque – qui n'en portait pas ? Tu avais aimé, tu t'es fais abandonner. Maintenant, tu étais seul. Enfin, presque. Il y avait les mots. Les mots, qui ne te quittaient jamais. Tu aimerais qu'ils te quittent ; pour en rencontrer d'autres. Tu fermes les yeux un instant. Tu ne sais pas quoi dire. Tu lui as fais signe de venir, mais tu as peur de le décevoir. Stupide. « Tu veux ? » Que tu lui demandes finalement, rouvrant ton ordinateur, tapant le code pour tourner l'écran vers lui. « Tu peux tout fouiller sauf le dossier « dernier jet ». » Confiance aveugle. Tu lui offres tes mots en abreuvoir, à défaut de pouvoir lui offrir tes paroles. Tu espères que ça suffira, un peu. « Et si tu veux écrire quelque chose... » Tu te laisses aller contre le dossier du banc.

Il aimait la littérature, ça se voyait.
Jusqu'où cette étoile cachée et silencieuse pouvait-elle aller ?

« N'hésites pas à ouvrir un nouveau document. Même si tu le supprimes après pour ne pas que je le lise. »


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Ethel Kasun
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MessageSujet: Re: Ethel || Paralyzed.   Ethel || Paralyzed. EmptySam 8 Sep - 16:46

J’écrivais.

La réponse est simple, sans équivoque, et pourtant si vague.

J’écrivais.

Il te le dit comme il aurait dit : je mourais, je respirais, je faisais l’amour, j’existais.

Qu’est-ce qui se cache derrière ce mot ; écrire ? Des univers, une centaine d’êtres tapis dans une seule poitrine, des années-lumières, de la poussière d’étoile, des larmes du sang et du soleil. Tu te souviens que lire te donnais l’impression d’être quelqu’un d’autre. Les mots étaient la porte ouverte à mille existences, qui n’avaient rien à voir avec la tienne, souvent. Les mots comme des rêves, accrochés aux pages jaunies d’un quelconque bouquin.

Dans ses yeux, à l’écrivain, tu vois la fatigue, la lassitude peut-être, la tristesse. Comme dans les tiens, sans doute. Comme dans ceux de tant de gens. Mais dans ses yeux aussi il y a cette lueur, un peu folle, un peu trouble. La lueur qui anime ceux qui écrivent. Une lueur que tu ne connais pas. Jamais tes veines ne pourront brûler comme le font sans doute les siennes lorsqu’il se penche sur son clavier.

Tu ne cilles pas lorsqu’il tourne son ordinateur vers toi, et qu’il t’invite à le parcourir. Tes yeux se perdent sur l’écran, sur les dossiers qui s’étalent devant toi, petites icônes aux noms à la fois simples et énigmatiques. Tu le regardes un court instant, un peu perdu. Est-ce que… vraiment ? Tu as le droit ?

Mais il ne dit rien. Il ne reprend pas son bien.
Ses yeux se perdent un instant sur la rue, comme s’il voulait te laisser l’intimité de faire ton choix. Repousser l’ordinateur, ou oser, fébrilement.

Tu n’es pas de ceux qui reculent.
Et puis, tu es curieux.

Prudemment, tu navigues entre les fichiers, sans ouvrir celui qui s’intitule « dernier jet ». Tu respectes sa demande. Tu es déjà si touché qu’il te fasse confiance. Après tout, vous ne vous connaissez pas.

Tu ouvres un document word, au hasard. Les mots s’écoulent par milliers. La page blanche se remplit de minuscules lettres noires. Tes doigts tremblent, presque effrayés. Tu ne sais pas si tu as le courage de lire ce qui ne t’appartient pas. Ce n’est pas comme si tu parcourais un de ses livres, achetés à la bouquinerie en rentrant du travail. Non. Sur cet ordinateur, les mots semblent à vifs, brûlants, et brûlés. Ce sont ses doigts qui les ont tapés frénétiquement sur le clavier. Et ses doigts sont à quelques centimètres des tiens.

Brusquement, tu as peur de lire, de savoir ce qu’il se passe dans sa tête. Tu ne veux plus savoir quel genre d’écrivain il est, si ce qu’il écrit est beau à en pleurer, ou triste à en mourir.

Tu quittes la page, ouvre rapidement un autre document vierge. Tes doigts dansent au dessus du clavier, puis s’y écrasent. C’est un peu ridicule. Tu ne sais pas écrire, toi. Pourtant tu as envie de lui dire quelque chose. Tu as l’impression qu’il pourrait comprendre.

Ce ne sont que quelques lignes, insignifiantes. Tu n’es pas un écrivain. Tu écris sans doute sans grâce. Mais avant de reculer, de tout effacer, tu retournes l’ordinateur vers lui. Tu ne veux pas le voir lire, c’est au-dessus de tes forces. Alors tu te lèves, ta chaise résonne dans le café presque vide, et tu sors dehors, un peu chancellent. Tu ne t’étais même pas rendu compte que tes jambes tremblaient un peu. Tes doigts aussi, visiblement. Tu as du mal à allumer ta cigarette, appuyé contre le mur du café.

Tu attends, fumant en silence. Il n’y a personne dans la rue, tu repenses aux mots que tu viens d’écrire, comme s’ils étaient les premiers de ta vie.
Mais c’est un peu le cas…

Les premiers de ce qu’est ta vie, maintenant.

L’idée te fait doucement sourire.

Tu as l’impression qu’écrire t’a apaisé.


Il n’y a rien qui m’énerve plus le matin que de voir ton visage sur l’arrière de mon bus. Ce n’est pas de ta faute, mais de la mienne plutôt. Tu me rappelles ma propre incapacité à écrire. Je ne parle pas du talent, mais du courage que ça demande. Les mots me font peur.

Ils me font peur, car ils sont comme des lumières qui révèlent à tout le monde ce que nous sommes vraiment.

Ils me font peur car je ne veux pas sortir de l’ombre que je me suis créé.

Ils me font peur,
car ils sont incapables de mentir.
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Drake I. Szandor
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Je suis arrivé à Zagreb le : 14/03/2014 J'ai posté un total de : 435 kunas en banque. On me dit que : Jonathon Ng Je crédite : Abyss (avatar) et SIAL (signature) donc j'ai : 23 ans à : donji grad La classe hein ! Côté cœur je suis : perdu avec : toutes ces émotions différentes


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MessageSujet: Re: Ethel || Paralyzed.   Ethel || Paralyzed. EmptyDim 9 Sep - 2:16

Tu n'as pas besoin de le regarder pour savoir qu'il a accepté. Sans rien dire, simplement en attrapant ton ordinateur et en fouillant. Tu lui ouvres certains pans de ta vie, comme ça, comme si c'était rien, tu lui offres des morceaux de ton cœur sur un plateau d'argent ; faut croire que tu n'avais pas encore compris la leçon, Drake. Faut croire que t'avais pas encore pigé, qu'il fallait pas montrer ton âme comme ça, qu'il fallait pas donner aux autres les moyens de te poignarder en pleine poitrine. Que les humains étaient cruels et que toi, t'étais qu'un pauvre mouton à dépecer. C'est peut-être pour cela que tu ne regardes pas ; parce que c'était encore trop dur, pour toi. De te mettre à nu et d'en assumer pleinement les conséquences. Quelque part, regarder vers la rue était une preuve de lâcheté, une preuve que tu n'étais pas encore remis de ta dernière déchirure. Et si celle-là était celle de trop ? Et si tu offrais ce pouvoir à la mauvaise personne ? Parfois, tu aimerais avoir une boule de cristal. Pour connaître à l'avance tes souffrances et t'en sortir à temps. Tu avais encore si peur d'être abandonné au coin d'une rue, comme un chien errant. Tu avais encore si peur de faire l'erreur de trop, celle qui te coûterait la vie, celle qui te pousserait vers la mort clinique.

Mais bien vite, tu entends le son du clavier. Très vite. Trop ? Tu fronces les sourcils et reposes tes yeux sur lui sans pouvoir t'en empêcher. Tu t'attendais à ce qu'il fouille plus que cela, prenne le temps de lire, mais c'est comme si... Il se précipitait avant de changer d'avis, avant de regretter ses décisions. Ca te faisait sourire, un peu. Il était effrayé. Par tu ne savais quoi. C'était cela que tu avais ressenti chez lui, tout à l'heure, lorsqu'il est arrivé vers toi ; c'était sa peur. C'était l'ombre au creux de son corps, le démon caché, cette bête qui peut parfois figer sur place, faire trembler, nous obliger à nous cacher. Tu la connaissais aussi très bien ; qui ne la connaissait pas ? Tout le monde l'avait rencontrée, au moins une fois dans sa vie. Parfois, elle partait. D'autres fois, elle se créait un nid dans notre poitrine, se nichait au creux de nous, et ne nous laissait plus jamais en paix.

L'ordinateur est retourné vers toi et tu le laisses prendre la fuite. Parce que tu comprends. Mieux que personne. Tes pupilles se posent sur les quelques lignes vomies là, sur ton écran, et tu souris. Plus tristement. Tu étais triste oui, pas pour toi cette fois, pour lui. Parce qu'il y avait ces choses dans son cœur, qui hurlaient à s'en déchirer les cordes vocales, et qu'il était pourtant incapable de sortir, de montrer au grand jour. Tu enregistres le fichier dans un coin, au cas où il te demanderait de le récupérer, puis éteins l'ordinateur et le glisse dans sa sacoche. Tu te relèves, mets ton ordinateur autour de ton cou, avant de laisser l'argent nécessaire pour le café et ressortir. Il fumait là, il attendait, tu ne sais pas quoi, tu ne pouvais pas vraiment savoir quoi – le savait-il vraiment lui-même ? Tu pariais que non. Tu pariais qu'il attendait le même genre de miracles que tu attendais toi, de ceux qui illuminent notre vie, qui nous montrent le chemin.

Balivernes.
Tu t'approches.

« Je peux ? » Tu tends la main vers sa cigarette, le laisse choisir si il peut te laisser en tirer quelques lattes ou non. Après cela, tu commences à marcher, puis, te rendant compte que tu ne lui as rien dis, te retournes : « Tu viens ? » Sourire en coin qui se veut avenant. Il faut croire que tu ne savais plus vraiment comment fonctionnaient les interactions sociales, parfois. C'était comme si ton cerveau se mettait sur pause, et ne te laissait plus accéder aux principes de bases. Pas grave. Tu ne parles pas. Il ne semblait pas avoir besoin de converser, et cela t'arrangeait bien. Mais tu savais exactement où est-ce que tu l'emmenais. Une dizaine de minutes de marche, on tourne à l'angle d'une rue, et tu pousses la porte. L'odeur de vieux livres qui assaillent tes narines suffisent pour dessiner un sourire sur tes lèvres, et pour détendre tes épaules.

Tes doigts attrapent délicatement son poignet. Tu ne savais pas vraiment quel genre de sentiments ce genre d'endroits pouvaient faire naître chez les gens, alors tu te fais doux, au cas où il s'écroulerait contre toi. Ou peut-être que tu serais capable de t'écrouler contre lui. Tu ne savais pas vraiment. Tu l'emmènes dans un coin, un peu à part des livres, parsemé de carnets, tous plus jolis les uns que les autres. Et sur l'étalage à côté, des stylos. Tu attrapes un carnet, et le caresses du bout des doigts. « Sur un ordinateur, rien ne se perd vraiment. Il suffit parfois d'avoir un peu de facilités en informatique pour tout récupérer. Même les plus sombres secrets. » Ton regard est figé sur le carnet, que tu ouvres. Des centaines de pages vierges, avec seulement des lignes qui les parcourent, bien droites, bien tracées. Des lignes qui indiquent le chemin à suivre. « Mais le papier... Si tu le déchires, si tu le brûles, il n'en restera plus rien. Toutes les vérités indiquées dedans... Peuvent partir en fumée en un instant. » Tu relèves le regard et reposes le carnet. « Si tu as peur des mots qui pourraient naître à l'intérieur... Tu pourras toujours les effacer après. » Tu tournes la tête vers lui, et de nouveau, lui sourit. Tu as un geste vers les étalage. « Choisis le carnet et le stylo que tu veux. Je te les offres. » Il fallait bien que l'argent gagné par tes livres servent à autre chose qu'à payer ton loyer... Comme par exemple, montrer un semblant de chemin à un gamin perdu.

Ce que tu aimerais que l'on te fasse, en cet instant.
Qu'on vienne et te tendes la main.
Qu'on t'offre une lampe, au moins.
Pour avancer.
Fatigué de rester les mains tendues devant toi, pour essayer de te protéger.

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Ethel Kasun
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MessageSujet: Re: Ethel || Paralyzed.   Ethel || Paralyzed. EmptyDim 21 Oct - 16:48

Tu n’as pas besoin de l’attendre très longtemps. La porte du café s’ouvre, et il est là. Tu as peur de croiser son regard, peur de ce qu’il a pu comprendre de toi en lisant tes quelques mots. C’est ridicule, tu le sais bien, mais t’y peux rien.

Heureusement, il ne parle pas. Il te demande juste s’il peut fumer, et tu lui passe ta cigarette sans un mot. Tu as du mal à ne pas jeter un oeil sur lui. Tu voudrais sonder son visage sans qu’il puisse le savoir, poser tes mains sur ses joues et regarder dans ses yeux jusqu’à y voir un morceau de son âme, extraire les mots qui coulent en lui, t’en remplir jusqu’à vomir.

« Tu viens ? »

Tu ne poses pas de questions. Aveuglement, tu suis le mouvement. Qui sait où il te guide ? Peut-être veut-il te perdre dans une rue vide, peut-être veut-il te tuer, peut-être veut-il te mettre à nu au milieu d’un boulevard et crier aux gens « Regardez ce garçon qui se ment à lui-même et est en train d’en mourir, regardez-le préférer souffrir plutôt que s’ouvrir à la vie, regardez-le haïr son corps et son coeur parce qu’il a trop peur d’être ce qu’il est. Regardez. »

Mais non. Ses pas vous conduisent tout droit vers une minuscule librairie, perdue dans une ruelle étroite, où le temps semble s’être arrêté. À l’intérieur, des livres par centaines, qui s’écroulent en piles maladroites, qui tanguent mais ne tombent pas, qui sentent le papier et l’encre et la poussière. La lumière est douce et basse, le parquet craque sous vos pas, les gens ne relèvent pas les yeux, perdus entre les mots entre les pages. Ils semblent heureux alors, dans d’autres univers auxquels vous n’avez pas accès. L’écrivain, lui, semble à sa place dans ce monde. Pas toi. Tu te sens malhabile, incapable de trouver ta place entre les rayons qui débordent. Tu avances doucement, de peur de faire tomber les romans qui se glissent sur ton passage, de peur de troubler le silence, aussi. Tes yeux s’accrochent aux titres, aux résumés. Tu ne retiens aucun. Tu as l’impression d’être entré dans une église, la plus précieuse au monde, sans doute.

Drake s’arrête dans une minuscule salle. Ce ne sont plus des livres, mais des carnets et des crayons. Des dizaines de modèles différents, qui sentent bon le papier neuf. Le papier vierge de tout. Des pages blanches, qui attendent d’être gorgées de mots. Les tiens peut-être. C’est ce que Drake voudrait. Il te parle du papier. De la façon qu’il a d’être éphémère. Tu t’imagines déjà noter sur un carnet tes plus sombres secrets, et puis les déchirer, les faire brûler, un à un. Soudain, tu réalises que c’est peut-être de ça que tu as besoin. Tout écrire puis tout détruire. Comme si rien n’avait jamais existé. Et puis recommencer, autant de fois qu’il le faudra pour que tu l’acceptes ou le rejettes à tout jamais.

Doucement, il te propose de choisir un carnet. C’est la première fois que quelqu’un veut te faire un cadeau. Un inconnu, du moins. Tu ne sais pas quoi dire. Tu te sens ridiculement au bord des larmes. Alors tu te détournes, tournes un peu dans le rayon, jusqu’à choisir celui que tu désires. Un carnet noir, tout simple, épais. Avec une lanière pour le refermer, et des lignes brunes. Et avec lui, un crayon à l’encre rouge.

Vous allez à la caisse tous les deux. Tu ne regardes pas autour de toi, incapable encore de t’approcher des livres, de leurs phrases incapables de mentir. Tu sers contre ton coeur le carnet et le stylo, et leurs pages semblent faire résonner les battements de ton coeur.

Dehors, sur le trottoir, revenus à la lumière pâle du monde qui te fait si mal, tu oses enfin fixer ton regard dans celui de l’écrivain, et souffler, la gorge serrée :

« Merci. »


Peut-être ne vous reverrez vous jamais.
Peut-être cette rencontre ne voulait-elle rien dire.
Peut-être que ce carnet, tu le jetteras dans la première poubelle que tu croiseras.

Mais peut-être que non.

Peut-être qu’aujourd’hui, sans vraiment le savoir,
C’est ta vie qu’il a sauvé.
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Drake I. Szandor

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MessageSujet: Re: Ethel || Paralyzed.   Ethel || Paralyzed. EmptyJeu 1 Nov - 21:54

Vous n'étiez pas si différents, lui et toi. Quelques années seulement qui vous séparent, peut-être pas vraiment la même vie, mais une immense plaie béante posée juste là, sur vos âmes. Et cette peur des mots, de vos mots, des mots des autres, qui vous fait trembler. Fallait pas croire que c'était simple. Parfois tu as peur d'écrire, tu peux rester des heures devant ton clavier d'ordinateur à te demander comment tu allais faire pour survivre à ça. Écrire, c'est un désastre. C'est attraper son cœur et le secouer, le déchirer, le bouffer jusqu'à le vomir. Écrire, c'est mourir un peu. Il fallait souvent te forcer, et parfois tu ne pouvais pas poser des mots sur certaines choses, alors tu les cachais. Bien plus simple, de jouer l'autruche, de les ignorer, de les effacer. Après, tu t'en veux. De t'être protégé, de t'être voilé, c'était comme si tu avais trahi ce que tu étais. Alors, tu écris encore plus. Tu te fais du mal. Cycle infini.

Tu le suis du regard lorsqu'il commence à faire le tour du rayon, fébrile. Il te paraît fébrile, du moins. Ca ne t'étonne pas vraiment. Il te donnait l'impression de marcher sur un fil, ce gars-là. De tanguer, tout en se cachant les yeux pour ne pas voir ce qu'il se trouvait en bas. Tu te demandais ce qu'il pouvait bien cacher – ce qu'il pouvait bien se cacher. Les pires mensonges étaient ceux qu'on se faisait à nous-même. Une fois qu'il fait son choix, tu te diriges sans un mot de plus vers la caisse pour faire scanner les articles et tendre ta carte bleue. Tu tapes ton code, et le voilà avec son carnet et son stylo contre la poitrine. Dans ses yeux, t'as l'impression de le voir respirer un peu mieux. Quelque chose s'ouvre en lui. C'était le commencement de quelque chose – quelque chose qu'il n'assumera peut-être pas. Quelque chose qui lui fera sûrement du mal.

C'est pour ça que lorsqu'il te remercie, une fois dehors, tu rigoles.

« Ne me remercie pas tout de suite. » Lui conseilles-tu en passant un regard étrangement doux sur sa silhouette. « Tu vas passer de sales moments avec ce carnet. » Honnête, cash, tu ne voyais pas l'intérêt de lui mentir alors que c'était clairement le but de l'écriture – nous vider. Tu soulèves alors ta sacoche d'ordinateur, ouvre la petite pochette de devant et en ressort un stylo ainsi que des post-it, sur lequel tu écris ton numéro. Tu le lui colles ensuite sur la couverture de son carnet, haussant les épaules comme si ça n'était pas grand chose, de donner son numéro à un presque inconnu lorsqu'on était aussi connu dans le pays. « Je ne sais pas si ça va te servir à quelque chose... Mais on ne sait jamais. » Tu désignes alors une rue. « Je pars par-là. Je te souhaite une bonne fin de journée... » Tu ne connaissais même pas son prénom. Est-ce que ça avait de l'importance ? Absolument pas. Tu t'en fichais un peu de son prénom. Un mot parmi d'autres... Tu souris. « A bientôt... Ou non. »

Et tu t'en vas, comme tu es apparu.
En fantôme.

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