Adam Wickett... je suis un adolescent comme beaucoup d'autres, mais peut-être que mon parcours peut vous intéresser. Je vais donc raconter l'histoire du début de ma vie jusqu'à aujourd'hui. Ennuyeux, certainement, mais je dois bien vous dévoiler quelques étapes de ma vie pour qu'on fasse plus ample connaissance, non?

Je suis né le 21 Mars 1994 aux États-Unis, en Pennsylvanie. Rien de très extraordinaire, tout le monde est né un jour. Si ça peut vous intéresser, mais j'en doute, je suis né à l’hôpital. Pas de scénario catastrophe avec une mère qui part à la dernière minute pour accoucher à moitié dans la voiture, non. Elle s'est rendue à l’hôpital lorsqu'elle a eu ses premières contractions et je suis arrivé des heures après.Même à ce moment là, ma vie n'avait rien de génial. À la naissance, il paraît que je pleurais beaucoup. C'est ironique quand on sait que maintenant je parle presque pas. Bref, je vais pas vous détailler les premiers jours où j'ai dû m'habituer à être dans une chambre etc etc. Mon enfance, elle a été quelque peu étrange pour moi, à cet âge là. Je me souviens de la première fois où j'ai manifesté une préférence pour la gente masculine. Je devais avoir quoi... six ans, quand j'ai dit à la nourrice qui me gardait à l'époque, vouloir me marier avec Dean Cain, l'acteur qui incarnait Clark Kent dans les années 90. Elle m'a regardé d'un drôle d'air et m'a dit "Tu devra te marier avec une fille plus tard. Ne parle plus jamais de ça, à personne. Les garçons vont avec les filles." Sur le moment, je ne comprenais pas. Puis j'ai remarqué que dans les films, les livres, les séries, les dessins animés... il n'y avait que des princes qui se mettaient avec des princes, des garçons avec des filles. Mon enfance a donc été particulièrement difficile pour moi. Je devais me persuader de finir ma vie avec une fille. Encore une fois, rien d'extra dans ma vie.

L'adolescence... je ne l'ai pas encore tout à fait terminée mais elle a mal commencé. Je suis entrée au collège et immédiatement, j'ai été mis de coté. Sûrement de ma faute, je me mélange pas aux autres, j'attends qu'on vienne me chercher. Je restais donc dans mon coin, à dessiner et à écrire quelques textes fantastiques ou de science-fictions. Les professeurs ne semblaient pas me voir non plus et disaient sans cesse que j'étais un élève effacé. J'ai détesté la période du collège. Les gens vous catalogue immédiatement sur la tenue que vous portait, sur la manière dont vous vous comportait et sur vos goûts en matière de musique ou de films. Sans parler du fait qu'au collège, on entend souvent le mot «pédé» au moins 500 fois par jour. Les clans de garçons se traitent souvent de cette manière,comme si c'était une tare. Mais bon, je m'y suis habitué lors de ma dernière année. Personne n'a jamais su qui j'étais vraiment et je n'ai pas eu d'amis à part quelques personnes de ma classe avec qui je trainais parfois. À la maison, les choses étaient tout aussi compliquées. Mes parents ne s'entendaient plus. Ah oui, j'oubliais. Lorsque j'ai eu quatorze ans, j'ai avoué à ma mère que j'étais attiré par les garçons. Elle ne m'a rien dit, n'a même pas été choquée. Elle m'a juste dit "et tu as un petit copain ?". C'est moi qui était étonné de la voir si.. calme. Je m'attendais à ce que ma mère ait envie de me coller une gifle en se demandant ce qu'elle avait fait de mal. Je dois dire que de ce coté là, j'ai eu de la chance. En revanche, mon père... il n'est pas comme elle. Je crois que c'est pour cette raison qu'ils se disputent trop souvent, ils n'ont pas les même envies, pas les mêmes idées. C'est lorsque mon père m'a surpris avec mon premier petit ami - que j'étais en train d'embrasser dans ma chambre - qu'il a décidé de partir de la maison. Il avait déjà une maîtresse, alors qu'est-ce que ça pouvait lui faire de partir?

J'ai donc vécu mes quinze, seize et dix-sept ans avec ma mère, dans la maison de mon enfance qui ne contenait que des souvenirs étranges. Quand j'ai eu seize ans, j'ai commencé à sortir avec d'autres garçons, après avoir rompu avec mon petit ami de l'époque. En rencontrant d'autres garçons homosexuels, j'ai vu que même là, j'avais du mal à être accepté. On me disait "Tu fais trop hétéro". Mais qu'est-ce que ça signifie de faire "trop hétéro" ? Je suis comme je suis. Je n'ai pas envie de me féminiser pour montrer que je suis gay et beaucoup ne le comprennent pas... comme quoi, qui que l'on soit, quoi que l'on fasse, les gens trouveront toujours à redire. J'ai l'impression d'être un alien, mais j'accepte tout, je suis très ouvert d'esprit et vivre comme je suis ne m'a jamais dérangé. Malheureusement, ma vie sentimentale n'était pas très glorieuse. J'ai rencontré beaucoup de mecs inintéressants avec qui je n'avais aucun point commun. Mais au moins, j'ai fait plusieurs expériences sympathiques.

Il y a quelques mois, ma mère a décidé de partir en Europe. J'étais un peu réticent à cette idée, car je ne connaissais pas d'autres langues que le français et l'anglais. Mais me voila finalement à Zagreb, un endroit qui m'était totalement inconnu. Je ne m'étais jamais documenté sur cette ville et je me sentais vraiment perdu. Parler Anglais, ça peu passer, mais j'étais obligé de suivre des cours comme tout le monde, en essayant de m'en sortir.