Neven vient d'une famille aisée, pour ne pas dire honteusement riche. Quand on est le fils d‘un requin de la finance on comprend vite qu'il n'y a rien qu'on ne puisse pas avoir. Est-ce qu'il en a profité ? Bien évidemment ! Est-ce que l'argent rend plus heureux ? Pas vraiment. C'est certain que ça facilite la vie, mais ça ne remplace pas des parents donnant la priorité aux apparences. Il n'a jamais aimé qu'on le questionne sur sa famille. Il ne considérait en effet ses parents que comme des colocataires occasionnels devant qui il devait donner l'image du fils parfait pour être tranquille. Au fond, ils ne connaissent rien de lui outre ce que il veut bien leur montrer. Sa mère le traite tel une sorte de trophée, quel aime présenté à ses amis en leur vantant toutes les qualités de son 'merveilleux fils' et son père ne le voit que comme son futur 'successeur'.
« Vous devez être tellement fière de vos parents ! » Neven leva les yeux au ciel et il fit son plus beau sourire. Espérant pouvoir couper court à l’interrogatoire que la journaliste semblait préparer. Il se retourna pour lui faire face après avoir posé son regard sur ses parents en train de faire un discours. « Oui, je suis vraiment très fier d’eux. Qui ne le serait pas d’avoir des parents qui font tant de choses ?! » Il retint un rire cynique en songeant qu’ils avaient tout réussi sauf leur rôle de parents. Car il fallait avouer qu’ils avaient énormément investi dans l’humanitaire, finançant des écoles et des hôpitaux et faisant des dons pour beaucoup d’œuvres caritatives -qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour avoir l'air respectacle et généreux ! Mais c’était justement à cause de toutes ces choses qu’ils avaient voulu faire qu’il les avait peu vus, enfin ça est le fait qu'ils se fichaient éperdument de lui tant qu'il obéissait comme il était censé le faire. Il avait ainsi passé toute son enfance avec sa jumelle ne les voyant que quand ils en avaient le temps. Même aujourd’hui, il ne se rappelait pas de la dernière fois où ils avaient eu le temps de se parler. Après tout sa mère était souvent plongé dans ses souvenirs de gloire, se remémorant avec nostalgie de l'époque où elle était mannequin, quant à leur père était l'ancien PDG d'une grosse entreprise, qui s'était lancé dans une brillante carrière politique. « Tout le monde sait qu’ils sont à l’origine de beaucoup de projets et qu’ils ont contribué à bien d’autres. Enfin, je ne vais pas vous embêtez avec tout cela, car je ne vous apprends rien de nouveau. » Il était finalement assez mal placé pour répondre, étant donné qu’il ne les connaissait pas plus que cela. Le peu de temps qu’ils passaient ensemble était fait de banalités entrecoupées de silence pesant. Il se sentait mieux quand ils n’étaient pas là, il s’était habitué à leur absence. Il était après tout de pouvoir faire ce qu'il voulait quand il voulait. Car ce n'est pas l'armée de gouvernantes que ses parents avaient engagés qui avaient réussi à le calmer. De plus, ses parents se moquaient bien de ce qu'il faisait tant que cela ne se savait pas, seules les apparences importaient. Du moment qu'ils se montraient à la hauteur de leurs attentes, ils lui fichaient la paix et son compte en banque était bien rempli.

« Elle est mignonne ta sœur ! » Neven se tendit, fixant avec fureur le garçon qui lui parlait, près à lui sauter à la gorge. Il connaissait parfaitement sa réputation et il était donc hors de question qu'il le laisse faire. Il savait parfaitement que sous cette phrase innocente se cachaient des intentions malsaines. Lui vivant, il n'approcherait jamais sa sœur. Il faudrait qu'il lui passe sur le corps pour ne serait-ce que l'approcher !
« Écoutes-moi bien parce que je ne me répèterais pas. Si tu ne fais ne serait-ce que trop la regarder, on retrouveras ton corps au fond d'un lac. Enfin si on retrouve ton corps... »
Il balaya la pièce du regard, faisant comprendre à tous ceux qui étaient intéressés qu'ils avaient intérêt à ne pas s'approcher de sa sœur pour ne pas connaître une mort prématurée.
Il regarda son camarade reculer, le fixant avec crainte, alors que tous les autres écoutaient l'altercation avec amusement. Il fallait être vraiment stupide pour énerver Neven, tous savaient à quel point il pouvait se révéler protecteur, et ce d'autant plus quand il s'agissait de sa jumelle. Sous ses airs sociable, il se révélait extrêmement agressif si on ne faisait ne serait-ce que toucher un cheveu de Deenah. Il était l'aîné et en tant que tel il prenait son rôle très au sérieux. Jamais au grand jamais, il ne laissera quoi que ce soit lui arriver !
Bien évidemment, bien qu'il l'adore et soit prêt à tout pour elle, il ne faut pas compter sur lui pour les grandes effusions. Ce n'est pas trop son genre les grandes déclarations sentimentales et les câlins affectueux. Cependant, cela ne les a jamais empêché d'être très proche et d'adorer se taquiner. Enfin bon, bien qu'il ne soit pas du genre à parler de ses sentiments, il sera toujours là pour sa sœur. Il peut de temps à autre se montrait un peu sentimentale, mais il se sent plus à l'aise dans le rôle de protecteur et vengeur que de nounours en peluche.

“ Dieu n’est qu’un gamin qui joue avec une fourmilière, madame. Il n’a aucun plan „
Neven a toujours été considéré comme un enfant extraverti, affectueux, ne pouvant s'empêcher de vouloir être ami avec tous le monde. Cependant c'était avant qu'il ne soit enlevé. En effet, lorsqu'il avait dix ans son père a commencé a gêner certaine personne étant donné qu'il avait un discours politique les impliquant d'un peu trop près. Loin de prendre les menaces au sérieux il n'a pas pensé un seul instant qu'il pourrait arriver quoi que ce soit à sa famille, cela a donc été trop tard pour agir quand Neven a disparu. Cela a duré quelques mois. Mais quand ils l'ont retrouvé Neven refusait de parler et quand il est sorti de son mutisme il n'a jamais voulu évoquer ce qui s'était passé. Peu importe qui le lui demandait et comment, il changeait toujours de sujet. Ses parents ont bien sûr pris les mesures nécessaires en l'envoyant chez un psy, d'autant plus qu'il avait développé une véritable phobie quand on le touchait. Il a fini par réussir a accepté des gestes simples comme une poignée de main ou qu'on le sert contre lui, mais il ne faut pas lui en demander plus. Ses proches aimeraient l'aider car bien entendu il est difficile de mener des relations normales quand on fait tout pour ne pas être touché par les autres. Ainsi, malgré le succès plus que flagrant qu'il rencontre, Neven est une véritable oie blanche qui n'a jamais connu plus qu'un baiser, et encore parce que ledit baiser lui a été volé. Même les plus patients et chevronnés s'y sont cassé les dents tant l'idée que quiconque puisse l'approcher semble l'horrifier. Pourtant il aimerait se laisser aller, mais il n'arrive pas à oublier le traumatisme de son enlèvement.

“ Recette pour aller mieux. Répéter souvent ces trois phrases : le bonheur n´existe pas. L´amour est impossible. Rien n´est grave „
Le sourire de Neven s'agrandit, en voyant la grimace de Cilian lorsqu'il prit une gorgée de sa boisson. Hé oui, le pauvre chéri n'aurait pas du essayer de jouer les dures, cela ne lui allait absolument pas. Cela l'avait toujours amusé de voir qu'il n'était pas un grand amateur d'alcool, ainsi il ne comprenait pas pourquoi il avait décidé de prendre un double whisky. Il eut un sourire en coin en voyant Cilian boudait en se demandant pourquoi tout le monde offrait des verres à Neven alors que lui n'avait eu aucune attention de toute la soirée. Il prit son air le plus arrogant alors qu'il passait une main dans ses cheveux. « Je n'y peux rien si mon charme irrésistible ne laisse personne indifférent.» Il avait bien appuyé sur le "personne" voulant rappeler à Cilian qu'il n'y a pas is longtemps il faisait parti de ses admirateurs. Cilian avait d'ailleurs failli le rendre complètement cinglé. Il avait commencé par faire de sa vie un enfer -n'appréciant apparemment pas de voir tout le monde au petit soin pour lui- avant de jouer les repentis, puis de soudainement l'embrasser et de lui tenir un discours décousu sur des sentiments qu'il ressentait pour lui et dont il ne voulait pas. Pourtant après cela, Cilian avait semblé flirté avec lui, le provoquant dès que Neven s'intéressait à quelq'un d'autre. Pourtant Neven avait pensé qu'il aurait abandonné après la gifle retentissante qu'il s'était pris après l'avoir embrassé. Mais, Cilian avait semblé y voir un défi. Comme si Neven n'avait déjà pas été suffisamment perdu de se rendre compte qu'il pouvait être attiré par les hommes, voilà qu'il fallait qu'il soit attiré par un névrosé ne s'acceptant pas et qui changeait d'avis tous les deux secondes. Il n'était pas du genre susceptible à se froisser pour un rien, mais tout le long de ce 'merveilleux' échange scoalire il avait vraiment cru que Vedran allait finir par le rendre aussi cinglé que lui. A force de souffler le chaud et le froid, Neven n'avait plus du tout su où il en était. D'ailleurs, il n'avait jamais su si Cilian avait finalement trouvé une réponse sur son orientation et s'y était tenu, vu qu'il était rentré chez lui sans qu'il ne semble fixé. Il n'avait donc jamais su si cela n'avait été qu'un jeu ou pas. Pour sa part, il a encore du mal à le réaliser. Il est pour l'instant bien trop occupé à se torturer mentalement pour pensé à expérimenter. Et puis vu sa phobie des contacts il se dit que ce n'est pas demain la veille qu'il reste de s'ouvrir à ses nouveaux horizons. Cela l'amuse énormément de penser que ses parents -si parfaits et surtout si conservateurs- pourraient en faire une attaque s'ils venaient à apprendre qu'il est attiré par les hommes. Pas comme s'il allait en avoir honte de toute façon ! Neven a de toute façon décidé qu'une fois son diplôme en poche il dira merde à sa famille, parce qu'il commence à en avoir marre qu'ils interfèrent avec sa vie. Dorénavant il ne fera plus ce qu'ils veulent, mais seulement ce dont il a envie.