“ lost and insecure „

ft. Zarko

La pluie crépitait tout autour de moi, comme pour accompagner la course précipitée de mes pas sur le trottoir. Je détestais ce temps maussade et frais ! Sans compter qu’il n’était pas vraiment agréable d’être mouillé quand on n’avait aucun toit sous lequel se réfugier et se sécher convenablement. Mais je n’étais sans doute pas en mesure de me plaindre. Parce que j’avais choisi cette vie d’errance, cette vie de vagabond. Même si je n’en gardais aucun souvenir, j’étais certain de ne jamais avoir regretté ce choix. C’était comme une évidence. J’avais eu besoin de voir le monde, de fuir le cadre oppressant de mon passé. Pourtant, où que j’aille l’ombre menaçante de mon paternel semblait me suivre… Je pouvais imaginer chacun de ses reproches, la lueur de dégoût qui assombrissait ses prunelles. Cependant, je n’étais plus un gamin, je ne devais plus trembler devant son souvenir. Relevant la tête, j’accélérai le pas, avant de remarquer que Koda, mon compagnon à quatre pattes, ne parvenait pas à suivre ma cadence, entravé par cette pluie torrentielle. « Koda ? » Inquiet, je m’arrêtai soudainement, récupérant le petit chiot apeuré avant de le serrer contre mon torse. Une fois qu'il fut bien calé dans mes bras, je repris ma route, courant à travers les rues de la capitale, comme si ma vie en dépendait. À vrai dire, je n’avais pas très envie de refaire un séjour à l’hôpital, quelque soit la raison, alors j’avais décidé de me réfugier dans le seul endroit où j’avais l’habitude de me rendre pour boire quelque chose de chaud. Un café, par exemple. L’idée d’en boire un me donnait presque des ailes. C’était exactement ce dont j’avais besoin ce soir, même si manger quelque chose n’aurait pas été de refus, mais je n’avais pas assez d’argent sur moi pour pouvoir m’offrir ce luxe, alors ça attendrait demain. Après tout, j’avais l’habitude de sauter quelques repas et ça ne me dérangeait pas vraiment. De toute façon, je n’avais pas vraiment le choix, n’est-ce pas ?

Essoufflé, je me sentis faiblir alors que je tournais enfin à l’angle de la dernière rue. J’y étais presque, je reconnaissais les bâtiments devant lesquels j’étais en train de passer, et réconforté par la chaleur du Starbuck’s coffee qui m’attendait à l’arrivée, je me surpris à accélérer malgré ma fatigue. Bientôt la porte du café se dessina devant moi et un sourire victorieux illumina mes lèvres. Soulagé, je me réfugiai vivement devant la porte, m’essuyant rapidement les pieds avant d’entrer à l’intérieur. Une douce chaleur m’enveloppa alors que mes vêtements et mes cheveux dégoulinaient pitoyablement sur le sol. « Merde… » La personne qui allait devoir nettoyer ça allait sûrement me maudire, mais tant pis, je ne pouvais pas vraiment faire autrement. Toujours debout, à l’entrée du Starbuck’s Coffee, je tentai de reprendre mon souffle après ma course effrénée à travers la ville. Tout ça pour me mettre à l’abri dans ce café, alors que j’aurais pu en choisir un autre. Mais je n’aimais pas changer mes habitudes, lorsque j’étais sûr de payer pour avoir la meilleure boisson, je ne voyais pas l’intérêt d’aller l’acheter ailleurs. Et c’était ici, que je me sentais bien, devant mon café préféré, avec Koda. Parce que contrairement à d’autres établissements, je pouvais entrer avec mon chien. Pour beaucoup, ce n’était qu’un détail, mais pas pour moi. Cette petite bestiole était le seul être vivant qui m’accompagnerait toujours, où que j’aille. Certes, j’avais une famille quelque part, une sœur surtout, mais ici, je n’avais que Koda... Ce dernier tremblait de froid, tout contre moi et instinctivement, mes doigts se faufilèrent dans ses poils humides, afin de le rassurer. Trempé par la pluie, il ne sentait pas très bon, mais ça ne me dégoûtait pas. Après tout, je vivais dans la rue, et moi aussi, je n’étais pas toujours très propre, même si je faisais de mon mieux pour me laver presque quotidiennement, fut-ce avec un gant dans l’évier des toilettes d’une gare.

À présent que j’avais repris mon souffle, je m’avançais prudemment vers le serveur, en faisant de mon mieux pour ne pas mettre de l’eau partout. Puis, je levai les yeux vers le jeune homme qui commençait à avoir l’habitude de me voir débarquer pour lui commander toujours la même chose… « Un café, s’il te plait… » Sans vraiment y réfléchir, je l’avais tutoyé et j’espérais que ça ne le dérangeait pas. Dupuis mon réveil à l’hôpital de New Delhi, je me sentais souvent seul et le moindre visage familier devenait un repère, même lorsque je ne le connaissais pas vraiment intimement. Afin de me donner une contenance et d’oublier mon écart de conduite, je me mis à fouiller mes poches, déposant chaque pièce que je trouvais, au creux de ma main. Quand j’eus fini, je lui tendis ma récolte avec une légère moue. « Est-ce que ça suffira ? » Bien évidemment, je n’avais pas assez d'argent pour lui laisser un pourboire, mais si je me souvenais bien des tarifs, j’avais réuni suffisamment de monnaie pour le café le moins cher qu’ils proposaient. Ce n’était pas mon préféré, mais il était très bon aussi, donc je n’allais certainement pas me plaindre. Surtout après avoir bu le café immonde que faisait mon frère quand je vivais encore en Alaska. Je ne parviens plus à dire “chez moi” quand je repensais à la maison de mon enfance. Comme si j’étais étranger à tout ce qui avait été ma vie, autrefois. Quelque peu sonné par toutes ces pensées, je jetai un rapide coup d’œil à la table la plus proche avant de reporter mon attention sur le serveur. « Je vais m’asseoir là, le temps que la pluie se calme un peu... » Et j’espérais qu’elle cesserait de tomber d’ici peu, parce que l’idée de dormir dehors par un temps pareil ne me plaisait pas vraiment. Mais ça ne serait pas la première fois, alors je survivrai. Avec un peu de chance, je ne serais même pas malade demain. Enfin là, j’étais peut-être un peu trop optimiste.

“ lost and insecure „

ft. Castiel

Le temps a Zagreb était de plus en plus déplorable ! Plus les jours passaient et plus les habitants se rendaient compte que l'été était bel et bien terminé ce qui était d'ailleurs plutôt déprimant ! S'il y a bien une chose que Zarko détestait c'était le fait de se lever avec la pluie. Les paysages d'automne avaient pourtant beaucoup de charmes mais franchement se réveiller alors qu'il fait un temps de chien dehors c'est assez déprimant ! Disons qu'on ne démarre pas forcément la journée sur le bon pied... Après, il y avait des choses beaucoup plus graves dans la vie et Zarko avait apprit à relativiser surtout depuis le décès de sa meilleure-amie. Il donnait beaucoup moins d'importances à certaines choses ! Pour faire simple, il savait faire la différence entre ce qui est grave et ce qui ne l'est pas alors qu'il pleuve ou non franchement ce n'était pas très important... Même si Zarko était jeune c'était un garçon très mature, les petits incidents qu'il avait rencontré depuis sa naissance l'avait fait grandir un peu plus vite que les autres enfants. On pouvait parfois trouver son comportement un peu étrange et en total désaccord avec son âge mais cela s'expliquait par le fait qu'il n'avait pas eu une enfance dès plus heureuses. Aujourd'hui tout ça était réglé vu qu'il avait eu la chance d’être adopté par une famille formidable : Les Elkaïm. Bizarrement, Zarko repensait beaucoup à son passé ces temps-si... Un petit coup de nostalgie !

Comme tout les jeudis, le jeune homme prenait son service en début d'après-midi ! Le starbuck's de Zagreb était très populaire ! Zarko bossait ici depuis seulement quelques semaines mais il n'avait jamais eu le temps de s'ennuyer, il y avait toujours du monde et ceci à toutes heures de la journée. Bien évidemment, il y avait quelques périodes où la clientèle était relativement réduite mais les affaires marchaient plutôt bien ! Le jour où le café fermerait n'était pas prêt d'arriver et ça tombait bien étant donné que Zarko adorait travailler ici. Même s'il ne se voyait pas rester serveur toute ça vie c'était une très bonne place avant de pouvoir réaliser le métier de ses rêves à savoir styliste. D'ailleurs quand le jeune homme n'avait rien à faire il s'amusait à dessiner quelques croquis sur un carnet qu'il avait toujours sur lui et c'est d'ailleurs ce qu'il était en train de faire en ce moment même. Vu le temps qu'il faisait dehors, il n'y avait pas grand monde dans le café, les gens étaient surement mieux chez eux mais un habitué venait de faire son entrée dans l'établissement. Zarko ne savait pas grand chose lui, il ne connaissait même pas son prénom mais quelque chose l'intriguait et il allait peut-être profiter du fait qu'il n'y avait pas grand monde pour en savoir un peu plus sur son compte. ''Bonjour. Je vous prépare ça...'' Il s'en fichait d'être tutoyé par certains clients, on pouvait même dire qu'il préférait ça, le vouvoiement avait tendance à le vieillir et il détestait ça même si ce n'était au final qu'une simple formule de politesse. Voyant les nombreuses pièces devant lui, Zarko n'eut pas le courage de compter et vu que ce garçon était un habitué ça n'allait pas le rendre boiteux de lui préparer un café même s'il n'y avait pas assez d'argent sur le comptoir. ''Vous en faites pas ça ferra l'affaire...'' Autant fidéliser la clientèle non ? Suite à ces paroles, Zarko se dirigea vers la machine afin de préparer la commande pour ensuite retourner vers son client. ''Un Espresso Macchiato je crois que c'est ce que vous prenez d'habitude et une part de gâteau au chocolat offert par la maison...'' Il ne lui faisait pas la charité mais étant donné le temps qu'il faisait dehors les clients n'allaient certainement pas se bousculer alors autant offrit ce qui restait à quelqu'un plutôt que d'y balancer à la poubelle.

Ce qui était aussi intéressant dans un boulot comme celui là c'était le fait de pouvait faire de nouvelles connaissances avec les clients du café. Naturellement sociable, Zarko avait le contact facile et il n’hésitait pas à faire amis-amis avec certains clients. ''J'ai bien peur que ce ne soit pas prêt de s’arrêter pour aujourd'hui.. Vu tout ce qui tombe on en a au moins pour jusqu'à demain matin..'' Une question lui brulait les lèvres et il hésitait vraiment à la poser de peur de paraître beaucoup trop indiscret voir même blessant dans ses paroles mais Zarko voulait vraiment en savoir plus sur son client. ''Vous êtes pas obligé de me répondre mais est-ce que tout va bien ? Je veux dire que je vous vois souvent habillé de la même façon avec des vêtements pas toujours très propre enfin je me demandais si vous n'aviez pas de soucis..'' Zarko savait qu'il était très maladroit dans sa façon d'exposer les choses mais il ne savait pas du tout comment aborder ce sujet, les mots étaient sortis un peu comme ils venaient...

L’eau traçait des sillons sur ma peau, me faisant frissonner, alors que l’air réchauffé du Starbuck’s semblait m’envelopper dans un cocon. Je me sentais bien mieux, malgré mes vêtements encore mouillés. Après tout, j’aurais pu être dehors sous cette pluie battante… Ce n’était en rien comparable à l’atmosphère douillette du café. « Bonjour. Je vous prépare ça... » Un sourire doux se dessina sur mes lèvres à l’idée de pouvoir bientôt boire la boisson chaude dont j’avais tant rêvé depuis des heures, attendant le dernier moment dans le but de pouvoir passer la nuit avec quelque chose de chaud dans l’estomac. Ça ne me réchaufferait pas jusqu’à l’aube, loin de là, mais c’était mieux que rien. Ce genre de détails représentaient mon petit confort personnel. Anxieux, je jettais à nouveau un regard sur les pièces que j’avais trouvées, doutant qu’il y en ait assez. Certes, si c’était vraiment le cas, il ne devait pas en manquer beaucoup, mais ça m’embêtait quand même. Pourtant, le serveur s’empressa de me rassurer, comme s’il avait remarqué que je n’étais pas vraiment sûr de moi sur ce coup. « Vous en faites pas ça ferra l'affaire... » Soulagé qu’il ne m’annonce pas que je n’avais pas de quoi me payer ce que j’avais commandé, je l’observai intensément, sachant très bien qu’il n’avait pas vraiment cherché à vérifier si le compte était bon. Est-ce qu’il me faisait confiance ou était-ce une façon galante de valoriser les habitués ? Je n’aurais su le dire, mais je n’allais pas m’en plaindre. Après tout, je n’étais pas du genre à refuser une main tendue, juste par fierté. Au contraire, j’appréciais le geste. Et pendant qu’il s’éloignait pour aller me chercher ma commande, je m’installai à la table que j’avais désignée un peu plus tôt, m’asseyant sur l’une des chaises, avant de poser Koda, ainsi que mon sac à dos, à mes pieds. Instinctivement, la petite boule de poils se blottit contre ma chaussure, rassurée par mon contact. Il était vraiment mignon quand il agissait de cette façon, j’avais le sentiment qu’il avait besoin de moi. Et c’était bien le seul.

Perdu dans mes pensées, le regard rivé vers le petit animal, je ne vis pas le serveur s’approcher de ma table. Du moins pas avant qu’il ne se manifeste, attirant son attention. « Un Espresso Macchiato je crois que c'est ce que vous prenez d'habitude et une part de gâteau au chocolat offert par la maison... » Surpris qu’il se souvienne de mon café préféré, je restai un instant figé, le dévisageant comme si je ne l’avais jamais vu auparavant. Pourquoi se montrait-il si attentionné avec moi ? D’ordinaire, les gens ne faisaient guère attention à moi, parce que je n’avais vraiment pas l’air d’un client important, au contraire. Alors ils étaient plutôt du genre à me faire comprendre que je ne devais pas trop m’attarder dans les parages. Mais ici, non seulement le jeune homme m’avait apporté mon café préféré sans que je n’ai de quoi le payer, mais en plus, il m’offrait une part de gâteau au chocolat. Peut-être que j’aurais dû refuser, parce qu'un tel débordement de générosité pouvait cacher quelque chose. Et pour être honnête, je n’étais pas habitué à ce qu’on en fasse autant pour moi. Cependant, mon ventre se mit à gargouiller dès que mes yeux se posèrent sur la part de gâteau, et je n’eus pas vraiment le cœur à refuser. Alors je pris la boisson et la petite assiette afin de les poser devant moi sur la table. « Merci beaucoup… c’est très gentil de votre part. » Le vouvoiement était revenu de lui-même, peut-être parce que je ressentais le besoin d’être plus formel, ne serait-ce que le remercier avec le plus de politesse possible. « J'ai bien peur que ce ne soit pas prêt de s’arrêter pour aujourd'hui.. Vu tout ce qui tombe on en a au moins pour jusqu'à demain matin.. » Cette nouvelle m’arracha une moue boudeuse. L’idée de passer une nuit aussi humide me déplaisait, mais je m’y attendais… Alors après avoir soupiré de déception, je décidai de ne pas m’appesantir davantage sur mon sort. Après tout, j’étais jeune et en bonne santé, je ne risquais donc pas grand chose, à part peut-être attraper un rhume et franchement, j’en avais vu d’autres. « Vous êtes pas obligé de me répondre mais est-ce que tout va bien ? Je veux dire que je vous vois souvent habillé de la même façon avec des vêtements pas toujours très propre enfin je me demandais si vous n'aviez pas de soucis.. » J’étais sur le point de goûter une bouchée du gâteau au chocolat dont l’odeur me rendait fou, quand ses paroles m’interrompirent. Depuis mon accident, c’était la première fois qu’on me posait aussi directement la question, sans animosité en tout cas. Est-ce que quelqu’un s’était déjà inquiété pour moi de la même façon par le passé ? J’en doutais, sans vraiment savoir pourquoi.

Dérouté, je décidai de reprendre mon geste où je l’avais arrêté, plongeant ma cuillère dans la part de gâteau avant de la porter à ma bouche. Et je ne fus pas déçu… C’était fabuleux. Comme le fondant au chocolat que me préparait ma mère après que mon père m’ait puni, alors qu’elle me retrouvait recroquevillé derrière mon lit. À l’époque, j’étais terrorisé à l’idée d’être différent, trop faible… A présent, je réalisai que mes craintes n’avaient pas changé, j’avais toujours cette angoisse de ne pas être celui que j’aurais dû être et je ne savais pas absolument comme faire face à tout ça. « Je vais très bien… Enfin, vous devez vous en douter, je ne vis nulle part. Pas dans un vrai logement en tout cas, et je ne peux donc pas me laver correctement tous les jours... Je veux dire, pas avec une bonne douche, comme tout le monde. » Hésitant, je marquais une pause afin de jauger mon interlocuteur. Mes révélations allaient-elles le dégoûter ? J’avais déjà pu remarquer que mon mode de vie répugnait certaines personnes, mais je ne savais pas si c’était également son cas. Tendant le bras vers ma tasse de café, j’en bus une grande gorgée, avant de continuer… « Mais, comment vous dire ça… J’ai choisi de ne pas réellement m’installer dans une ville. Je vagabonde à travers le monde, c’est un grand voyage, qui s’arrêtera un jour, quelque part… Cependant, je ne sais pas encore où et quand. Je suppose que le moment venu, j’aurais le sentiment d’être enfin chez moi. En attendant, je ne peux postuler que pour des emplois temporaires et je voyage léger, c’est pour ça que je n’ai pas beaucoup de vêtements. » Mon regard se posa sur la tenue que je portais, comme pour vérifier qu’elle ne semblait pas aussi sale qu’il l’avait suggéré, mais avec la pluie je devais bien admettre que mon allure n’était pas vraiment glorieuse. Un sourire désabusé déforma mes lèvres alors que je relevai les yeux vers lui. Je ne savais pas comment me justifier, mais peut-être qu’au fond, je n’en avais pas besoin. Je n’avais de compte à rendre à personne et puis, je n’avais pas honte de ce que j’étais. D’ailleurs, pour le prouver, je donnais un petit coup de pied dans mon sac à dos, posé par terre à côté de Koda. « Toute ma vie est dans ce sac. » Une lueur malicieuse étincela dans mon regard, alors que je guettais sa réaction. J’avais hâte de savoir ce qu’il pensait de moi, s’il était différent, ou s’il allait me juger, comme tous les autres.

HJ - Désolée, c'est un peu trop long =/

“ lost and insecure „

ft. Castiel

Zarko ne faisait pas la charité à son client mais il n'allait pas jeter ce gâteau à la poubelle, il détestait gaspiller la nourriture alors autant en faire profité quelqu'un... S'il y a bien une chose à laquelle le serveur ne prêtait pas attention c'était aux apparences. C'est vrai que le nouveau client ne faisait pas très propre sur mais c'était un client comme un autre, il était là très souvent alors pourquoi ne pas le fidéliser ? Ce n'est pas parce qu'il portait toujours les mêmes vêtements et qu'il semblait avoir des soucis d'argent qu'il fallait le mettre à la porte... Zarko était un garçon très humain alors il faisait en sorte de considérer tout les gens au même niveau. Il ne faisait pas de différences entre un client habillé en Dolce & Gabana et un client habillé toujours pareil...

De nature curieux, Zarko avait osé poser quelques questions à son client après lui avoir apporté son café. Il s'en voulait déjà de la façon dont il avait exposé le sujet, il avait clairement manqué de tact mais en même il ne se voyait pas aborder la chose d'une autre façon. Aussi étrange que cela puisse paraitre, le petit brun se décida quand même à lui répondre. Plutôt étonnant sachant que Zarko avait plus ou moins sous-entendu qu'il faisait un peu clochard sur les bords. ''Ma curiosité causera ma perte...'' Comme quoi il ne s'était pas trompé sur son compte. Ce garçon n'avait pas de logement fixe, il devait probablement vivre dans la rue et ne devait pas toujours avoir de quoi se remplir l'estomac. Zarko ne ressentait pas de la pitié mais pour lui mais cette situation le touchait vraiment... Cela lui rappelait une partie de son passé où il s'était retrouvé seul suite au décès de ses parents. Les deux histoires n'étaient en aucun cas comparables mais il y avait tout de même quelques similitudes et Zarko avait envie de faire quelque chose afin de l'aider... Son inconscient le poussait à faire quelque afin d'améliorer un peu ses conditions de vie actuelles. ''Une vie de nomade si je comprends bien mais ça ne doit pas être facile tout les jours non ? Enfin ma question est ridicule et je connais la réponse...'' Ce garçon avait beaucoup de courage ! Zarko ne pourrait jamais vivre de cette façon sauf s'il y était forcé mais il avait besoin de son confort. Il ne s'imaginait pas de ne pas pouvoir dormir au chaud ou encore ne pas manger à sa faim... Il ne vivait pas dans le luxe mais il avait tout de même besoin d'un minimum ne serait-ce que pour se sentir bien dan ses baskets. Étant donné qu'il n'y avait pas de nouveaux clients au café, le petit blond prit une chaise afin de s'installer en face de ce garçon. Il prenait un peu ses aises quitte à se montrer décidément beaucoup trop curieux. ''Mais ne me dit pas que tu vas dormir dehors ce soir avec le temps qu'il fait ?.'' Il se trouvait toujours très maladroit dans sa façon de poser les questions mais il souhaitait vraiment en savoir plus sur ce garçon... Zarko s'était laissé aller au tutoiement même si il était dans le cadre du travail, il avait toujours eu beaucoup de mal à vouvoyer quelqu'un qui avait sensiblement le même âge que lui... ''Je veux dire par là que ce n'est pas possible de vivre dans ces conditions avec un temps pareil... Tu risques de chopper la mort..'' Toujours très cash voir même beaucoup trop par moment, Zarko n'y allait pas par quatre chemins.

Contrairement à beaucoup de gens dans ma situation, je ne prenais pas mal les questions un peu indiscrètes sur la vie que je menais. Peut-être parce que j’étais parti volontairement de chez moi, fuyant un foyer où je n’étais pas à ma place, mais aussi parce que je rêvais de découvrir le monde avant de vraiment m’installer quelque part. Alors ne pas avoir de toit ne me dérangeait pas vraiment, je me disais que c’était temporaire, que c’était une aventure et que les difficultés que je rencontrais m’aidait à apprécier chaque petit confort à sa juste valeur. « Ma curiosité causera ma perte... » Il semblait réellement s’en vouloir, alors que je n’avais pas mal réagi face à ses interrogations. Je n’avais pas honte et peut-être qu’au fond, je n’avais pas peur qu’on me juge. Après tout, les gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient à mon sujet, ça ne m’empêcherait pas de mener ma vie et si je ne me plaisais pas ici, je pouvais toujours aller ailleurs. C’était l’avantage de n’avoir aucune attache, je pouvais partir quand je le désirais, c’était aussi simple que ça. « Une vie de nomade si je comprends bien mais ça ne doit pas être facile tout les jours non ? Enfin ma question est ridicule et je connais la réponse... » En effet, il était plutôt facile de deviner que ce n’était pas une vie facile, mais je me rassurais toujours en me disant que c’était éphémère, que je trouverais bien ma place quelque part. Et puis, nos choix ont toujours des avantages et des inconvénients, la vie est à double tranchant, alors lorsque j’avais décidé d’être libre, de voir le monde, d’être un vrai vagabond, je savais qu’il y aurait un prix à payer, tels que le confort et la sécurité d’une vie stable. Perdu dans mes pensées, je suivis le serveur du regard alors qu’il s’installait en face de moi, comme si nous avions prévu de nous retrouver là, autour d’un café, depuis longtemps. Et ça ne me gênait pas, au contraire, c’était toujours agréable d’avoir de la compagnie. « Mais ne me dit pas que tu vas dormir dehors ce soir avec le temps qu'il fait ?. » Instinctivement, je me crispais légèrement, hésitant sur la réponse que je devais lui donner. Voulait-il vraiment savoir la vérité, ou préférait-il la version allégée qui lui laisserait entendre que tout irait bien, que j’avais un ami chez lequel me réfugier. La seconde option le mettrait sans doute plus à l’aise, mais elle était fausse. Parfois les gens avaient peur de la vérité, cependant, ça ne semblait pas être le cas du jeune serveur. Alors je m’apprêtais à lui donner la véritable réponse, quand il reprit la parole. « Je veux dire par là que ce n'est pas possible de vivre dans ces conditions avec un temps pareil... Tu risques de chopper la mort.. »

Surpris, j’arquai un sourcil face à une telle fatalité. Apparemment, il était sincèrement inquiet pour ma survie, et c’était vraiment gentil de sa part. L’attention qu’il me portait me touchait, même si j’étais encore réticent à l’idée de le montrer. Cependant, je lui souris quand même, ravi que quelqu’un se préoccupe de moi, sans même me connaître. Étrangement, je me sentais moins seul à présent. Bien sûr, dans la rue, je n’étais pas toujours seul, mais ce soir-là, je n’avais aucune compagnie et je n’avais même pas trouvé d’endroit où m’abriter, alors autant dire que cette nuit ne s’annonçait pas très bien. « Ne t’en fais pas, j’ai l’habitude, je ne vais pas mourir, tu sais. En revanche, il m’arrive d’attraper froid c’est vrai, mais rien de grave. » Sur ces mots, je haussai négligemment les épaules, adoptant cette attitude nonchalante qui ne plaisait pas à tout le monde. Mais je préférais ne pas dramatiser les choses. Au cours des mois qui avait suivi ma sortie de l’hôpital, j’avais compris que le plus important était de garder son calme, ça aidait à avoir les idées claires et à trouver une solution, même dans les pires moments.
Mon regard s’accrocha un instant au sien, alors que je tentais de comprendre pourquoi il se souciait autant de moi, alors qu’il ne connaissait rien de moi, pas même mon prénom. « Je chercherai un endroit où dormir à l’abri, il ne faut pas s’inquiéter pour moi. Même si c’est gentil de ta part, vraiment… » Et j’étais sincère. Sans savoir vraiment pourquoi, ça me faisait plaisir. Pourtant, ça ne changerait pas ma vie, j’en avais conscience, mais c’était agréable de voir que les gens ne me jugeaient pas tous trop durement. Après tout, c’était important d’être accepté un jour, de se sentir à l’aise quelque part, quel que soit l’endroit. Lorsque je vivais encore chez mes parents, j’avais le sentiment de ne pas être celui qu’il aurait fallu que je sois et à présent, cette impression me suivait encore où que j'aille, et je tenais vraiment à m’en débarrasser. Alors peut-être que les gens finiraient par me voir différemment, comme ce serveur venait de le faire aujourd’hui. Parce qu’il avait cherché à me comprendre, et même si ces questions étaient très directes, elles n’en étaient pas moins pertinentes pour autant. Réconforté par cette idée, je repris une bouchée du gâteau, m’émerveillant à nouveau de son goût exquis, alors que le chocolat fondant se glissait sur mes papilles. « Mmmh, il est vraiment très bon ce gâteau… Merci… » Emporté par la saveur de la pâtisserie, je fermai alors les yeux, plongeant malgré moi dans mes souvenirs.