Enfance paisible. Parent toujours ensemble. 32 ans de mariage, c’est quelque chose. Je suis dans le placard, jamais ma mère m'aurait soupçonné de l’être, lesbienne, à la quantité de copain que j’avais, comment pourrait-elle? Ce qu’elle ignore c’est qu’ils étaient tous gay, aucun ne m’a réellement touché, enfin, ça m’arrange. Le corps masculin ne m’attire pas, du moins plus… mon amour de jeunesse? Ken, vous savez, celui de Barbie, avec ses abdominaux de fer, j’étais complètement Gaga, puis est arrivé Shane. Ce garçon, je me dois de le remercier en fait. J’le déteste. Il m’a dégoûté des hommes à jamais. Aucun homme ne peut être fidèle, ça non. Call me a feminist, I don’t fucking care. Après ma phase hétérosexuelle je me suis convertie, sans le déclarer haut et fort bien évidemment. Je ne participe jamais au défilé de la gay pride, je ne colle pas de sticker révolutionnaire sur le cover de mon portable, je ne porte pas de bracelet aux phrases éloquentes qui devraient changer le monde… non, moi j’intériorise tout. Putain, comme j’aime les femmes….

Je n’ai jamais eu de copine sérieuse, jamais reçue de fleurs, jamais siffloté de « je t’aime mon amour » et le penser. Je n’ai jamais tenue la main d’une femme, sauf exception de ma mère. Je n’ai jamais crié sur un toit mon affection. Je ne suis jamais morte non plus, alors il n’y a pas le feu. D’abord mes parents.

« J’ai quelque chose à vous dire. » Ma mère toute fardée me regarde, incrédule, comme si elle venait de découvrir que je n’étais pas muette. Mon père s’en fou, simplement. « Papa tu m’écoutes? » Il chigne, hoche la tête, hausse les épaules. Il s’en fou, décidément. Je respire par mes narines, mais l’oxygène se fait plus rare… ma gorge se serre, j’ai envie de leur crier dessus. « Je déménage. » Dis-je, m’étonnant moi-même. Mon père lève la tête, enfin. « Quand? Où? Pourquoi? » Ma mère hyperventilante. « Parce que… je suis gay. Voilà. » Mon père rebaisse la tête, il s’en fou j’ vous dis. Ma mère se couvre de rouge, n’émet aucun son et je sais… là je sais que j’ai bien fait d’annoncer mon déménagement. Sans me retourner je monte à ma chambre, m’empare de mes effectifs et quittes, comme si c’était la chose la plus naturelle à faire… je suis sans logis. Et j’adore ça.

J'ai eu ouïe dire qu'il existait un endroit comme Zagreb, un endroit ou chacun vie pour lui-même, sans jamais avoir à regarder par dessus son épaule pour vérifier si quelqu'un nous observe. C'est ainsi que sac sur l'épaule je parcourais l'Amérique, me ramassant suffisamment d'argent pour prendre l'avion et me faire une nouvelle vie qu'à moi. Je n'ai jamais regretté mes parents, il était temps pour moi de vivre mon indépendance, ma liberté d'expression, d'être moi-même en fait. Je voulais trouvé cette femme, celle qui me montrerais à aimer, celle qui me chamboulera qu'à sa vue. Je ne sais pourquoi, mais j'ai la ferme impression que celle que je désire m'attendre là-bas. Qu'elle m'attend, qu'elle sait que j'arrive. Peut-être suis-je trop optimiste? L'amour c'est ce qui me fait avancer. Sans argent, sans compagnon de route, je me cherche du travail là où on me prend en pitié ou en affection. Je parcours des kilomètres à pieds, puis j'embarque dans l'auto d'inconnus pour faire un autre bout de chemin. J'aventure ainsi six mois de mon existence, puis quand viens le temps d'enfant réaliser mon rêve, je prend l'avion, sans billet de retour pour l'Europe, là où je sais qu'elle m'attend. J’aire en solitaire depuis quelques jours, puis ce questionnement m'est venue? Que vais-je faire de ma vie? Je n'y avais jamais réfléchis. Jamais est un grand mot, petite, je voulais être astronaute, être éblouis par ces étoiles, les voir de près. Puis je n'y ai plus jamais réfléchis, bah... je finirai par trouver. En attendant je me cherche un travail, je garde les yeux bien ouvert, mon gay-dard en marche.

« Je suis une femme. Et j'aime une autre femme. Où est le problème ? »