Annabelle Ashley Tillman. Honnêtement, j’aurai préféré avoir Ashley en premier nom. C’est donc pour cela que je me présente souvent comme Ashley, et non Annabelle. J’ai vu le jour un bel après midi de juin. Le quatorze, exactement. Mes parents s’aimaient, et s’aiment aujourd’hui encore d’un amour fou. Un amour digne d’une œuvre Shakespearienne. Un amour qui m’a toujours fait rêvé. Mon père, Victor, est un homme drôle, il travaille comme vétérinaire. Ma mère, elle, travaillait pour lui, en tant qu’assistante. C’est ainsi qu’ils se sont connus. J’ai une sœur, plus jeune de deux ans, Eileen. Je m’entend très bien avec elle, nous formons une jolie petite famille, heureuse, avec des hauts et des bas, mais, soudée.

Mon enfance? Oh, pas bien passionnante. Je suis née à Franklin, dans le Tennessee. J’ai passé la majorité de ma vie là bas. A la maternelle, et à l’école, j’étais studieuse. L’entrée au collège m’a un peu plus bouleversé. J’ai perdu quelques uns de mes repères, mais j’ai fini par m’accommoder. Je n’étais pas la première de la classe, mais, je me débrouillais bien. J’ai très vite compris que j’étais attirée par les filles, le jour où j’ai compris que j’étais amoureuse de ma meilleure amie, qui était hétéro, et sortait avec un garçon beaucoup plus âgé qu’elle. Je l’ai mise en garde, j’avais peur pour elle, et j’étais affreusement jalouse. Nous nous sommes légèrement éloignées. Quelques semaines après, j’apprenais son décès. Quelque chose en moi c’est brisé. Son petit ami, après l’avoir violé, l’avait assassiné, et avait pris la fuite. Je crois que c’est là que j’ai commencé à me dire qu’on ne pouvait pas faire confiance à qui que se soit. Mon chagrin ne s’est jamais dissipé. Je suis restée seule, jusqu’à la fin du collège, totalement repliée sur moi-même, tombant dans une des plus tristes dépression. Ma famille m’a aidé, beaucoup. Je n’ai pas oublié ma douleur, je l’ai mise de côté, et j’essayais d’y penser, de moins en moins. Aujourd’hui, je le cache du mieux que je peux. Mais, je suis traumatisée.

Le seul avantage de sa mort, c’est que j’ai acquéri un grand respect pour les autres, et que je ne supporte aucune notion de trahison, aucune.

Au lycée, alors que toutes mes amies se préoccupaient d’avoir un copain, moi, je regardais les filles. Se serait mentir que de dire que je ne voulais pas de l’une d’entre elles. Mais j’étais timide, à cette époque encore. Un jour, j’ai eu un déclic, et je me suis totalement décoincée. J’ai commencé à réellement vivre. Mais je ne suis jamais sorti avec quelqu’un, je ne me suis même jamais faite embrasser. Pourquoi? Je suis si laide? Je ne sais pas. On m’a déjà demander de sortir avec des gens, j’ai refusé. J’attend vraiment, LA bonne personne. Je veux tout lui donner, tout lui offrir. Je suis sur romantique. Trop. Beaucoup trop.

Diplôme en poche, fierté de mes parents récoltée, je me dirigeais donc vers la fac. En musicologie, plus précisément. Sauf que, j’ignore absolument pourquoi, mes parents décidèrent de déménager, en Croatie. Etrange décision qu’aujourd’hui encore je ne comprends pas, ils ne m’ont rien dit. Enfin, j’ai suivi le mouvement, j’ai toujours rêvé de voyager. Me voilà donc ici. J’ai repris les études de musicologie, je me suis fait quelques amis. Je me plais bien, ici. J’ignore combien de temps je vais y rester par contre, je rêve d’aller en Europe, en Russie, au Canada, en Chine, en Australie, au Japon. Bref, partout, en fait. Avant toute chose, je rêve de trouver quelqu’un qui me comprendrait, qui aimerait la vie autant que moi, qui serait aussi excentrique et dérangé que je le suis. En un mot, ma moitié..