Une vie a toujours un début, un milieu et une fin. J'aurais jamais pensé que la fin de la mienne arriverait si vite, qu'elle serait présente à peine aurais-je frôler le seuil des vingts ans. Quelle salope. Elle me cherche et la vie me nargue. Je suis seul complètement seul et perdu. Je suis là, assis dans ce bar miteux avec pour seule consolation l'alcool. Mon docteur doit forcement se tromper. Ca ne peut pas être ça. Certes, ma mère en était atteinte, mais pourquoi moi ? Et puis, pourquoi elle ? Pourquoi me l'a-t-on prise ? Elle me manque. Elle avait comme moi. Quelle connerie cette maladie. Un spasme me traverse, mon verre tremble. Je renverse un peu du précieux liquide sur le comptoir. « Merde ! » Je hais ses spasmes. Je dois vivre avec, je dois les supportés. Bientôt, je ne pourrais même plus bouger. La folie l'emportera. La nuit sera moins claire, elle m'emportera dans le plus profond des sommeils. La fin est proche alors que j'aimerais qu'elle se fasse attendre. Se noyer dans l'alcool pour oublier. Ma mère aussi l'avait fait ça. Je suis ses pas. Elle était sage, elle était fière. Je veux qu'elle soit fière de moi. Quelle déception je dois être à cet instant précis pour elle. Ma main tremble à nouveau. De rage, je pose mon verre sur le comptoir. Calmez vous bordel de spasmes, faites vous oubliez. Dégagez, foutez moi la paix, laissez moi vivre. L'alcool commence à faire doucement effet en moi. Boire pour oublier, pour arrêter de souffrir, c'est pas la solution et pourtant c'est comme ça que je survis ce soir à l'annonce cette nouvelle. Il m'avait annoncé ça avec un sourire, comme si c'était tout naturel, comme si ce n'était pas grave. Il y a pire dans la vie, laisse moi rire. On t'annonce que ta vie est écourtée et la seule chose qu'on te dit pour te rassurer? " Y a pire dans la vie ". Ca doit leur faire plaisir à tous de nous voir pleurer, apeurés par l'idée que notre santé va se détériorée de jour en jour pour qu'un jour on en arriverait à ne même pas à nous lever de notre lit où on sombre peu à peu dans la folie. Une fille s'installe à côté de moi et me sourit. Je lui souris à mon tour, pas pure courtoisie plus que pour autre chose. Elle m'adresse la parole, je comprend même pas. Je veux pas comprendre. Je veux qu'elle me foute la paix. Je lui souris sans répondre. Elle est jolie sans vraiment l'être, elle ne me plait pas, elle est banale. Je me lève, paye mes verres et m'en vais. J'ai pas envie de la supportée. Je crois un mec alors que je sors, il me bouscule accidentellement, je me retourne et murmure un pardon. Il s'éloigne, mon regard se pose inconsciemment sur sa chute de reins. Un beau cul. Je me surprend moi même. Des grands yeux se forment sur mon visage, arrêtes ça de suite Léandre. J'imaginais mon père, planté devant moi, horrifié par cette scène. Voir son fils, sa chair de sa chair reluqué un homme dans un bar. Il aurait honte. Je plonge les mains dans mon jeans alors qu'un spasme parcourt ma main droite et m'empêche de l'enfouir dans ma poche. Putain de vie, putain de maladie,putain d'attirance incertaine. Je rentre chez moi. Il doit être 4h du matin, si ce n'est plus. Je passe la porte d'entrée en silence, la refermant en douceur pour ne pas surprendre mon père surement entrain de dormir. La photo de ma mère trône toujours en face de la porte d'entrée. Son portrait. Elle est sublime sur cette photo. Droite, les épaules bien mises en arrière. Très bonne posture. Elle a l'air tellement heureuse sur cette photo. Elle ne fait plus malade, elle fait sereine comme elle l'a toujours été. Ce n'est pas la dernière image que j'aurais eu d'elle. Moi,je l'ai vu fermer les yeux et plonger dans le plus profond des sommeils, j'ai senti son dernier soupir contre ma main. Je regarde ce cadre accroché au mur sans vraiment savoir quoi faire d'autre. Elle me manque tellement. Ma main droite s'agite follement, je l'attrape avec ma main gauche en soupirant. Je monte à l'étage pour pouvoir me coucher. Ma chambre est remplie de tout un tas de livres pour mes études. J'en vire deux-trois qui sont sur mon lit pour pouvoir m'allonger sur mon lit après avoir enlever mon haut et mon bas pour finalement être en boxer. J'ai pas envie de rester là. Rien ne me retient à Bristol. Je veux juste changer d'air, voir ailleurs, rencontrer d'autres personnes. Cette nuit là, j'ai pas dormi. J'ai pensé, je me suis évadé. J'avais toujours rêvé d'aller à Zagreb, ne me demandez pas pourquoi. Le lendemain, j'me suis levé, j'ai pris un aller simple et je suis partit. Loin de ma routine, loin de mon père, loin de ma défunte de mère dans l'espoir de revivre un peu. Je veux bouger, découvrir le monde avant de mourir tristement. Le monde n'a plus aucune limite.