“ SANJA VEDRANA MILANOVIC „

ft. teresa palmer

ϟ CE QUE TU PENSES DE MILA NOLA ; Je trouve qu'elle a beaucoup de courage de dire haut et fort ce qu'elle pense. Il suffit de voir comment les gens vous regardent dans la rue quand vous tenez la main d'une personne du même sexe que vous, pour comprendre que les mentalités n'ont pas beaucoup évolué sur l'homosexualité.

→ Malgré tout ce qui a pu se passer dans mon pays, et tout ce que j'ai pu voir, j'ai toujours gardé la nationalité Serbe. En réalité je possède la double nationalité Serbo-Croate. Je suis très fière d'être Serbe même si j'ai été traumatisé par la guerre, et pour rien au monde je voudrais que l'on ne m'enlève mon appartenance à ce pays.

→ Je retourne très régulièrement en Serbie, qui est un très beau pays je trouve. En revanche, je ne retourne jamais dans la région du Kosovo, j'ai peur d'y retrouver de trop mauvais souvenir et de revenir dans mon passé trop douloureux.

→ En plus du tennis je pratique également le ski ainsi que le judo. Le ski est un sport très pratiqué en Croatie et assez populaire, notamment après la victoire d'Ivica Kostelic, et je dois dire que c'est un sport que j'apprécie tout particulièrement et puis cela me permet de découvrir les montagnes Croates qui sont vraiment magnifiques. En ce qui concerne le judo c'est un sport assez méconnu ici, mais c'est un sport qui défoule et par moment j'en ai bien besoin !

→ Je déteste l'alcool, à chaque fois que je bois ne serait-ce qu'un verre de vodka je me mets à vomir partout. Alors j'évite d'y mettre le nez dedans, rien que le fait de penser à l'odeur du vin me donne la nausée.

→ Je travaille actuellement comme serveuse pour payer mes études. Ce n'est pas le travail le plus sympa du monde, ni même le mieux payé mais c'est le seul que j'ai trouvé, alors je fais avec ce que l'on me donne. Et puis de temps en temps si je sais me montrer gentille, on me donne de bons pourboires !

Si je vous dis que je suis née à Pristina, cela vous laisse sans doute perplexe et vous vous demandez sûrement où se trouve cette ville dont vous n’avez jamais entendu parler. Quand je suis née Pristina était une ville de l’état que l’on appelait Yougoslavie, état formé par les Américains à la suite de la première guerre mondiale. Dans ce grand état, les Américains qui ne connaissaient pas grand-chose à l’Europe décidèrent de rassembler la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, le Monténégro et la Macédoine (et le Kosovo, mais c’est un cas à part). Loin de moi l’idée de vous faire un cours d’histoire, simplement c’est essentiel pour comprendre mon histoire. Autant vous dire que les tensions ont toujours été très présentes dans le pays. Puis en 1992, de nombreux pays prirent leur indépendance, et ne resta plus dans ce qu’on appelait à l’époque Yougoslavie que la Serbie (dont le Kosovo) et le Monténégro. Sans pour autant que tout devienne tout rose, on pouvait aisément dire que les choses s’étaient largement améliorées. Bien sûr à l’époque je n’avais que trois ans et je ne me rendais compte de rien, je sentais que quelque chose changeait mais je vivais toujours dans ma bulle et le monde qui m’entourait m’était indifférent. J’ai alors continué ma vie dans le climat un peu particulier de la Yougoslavie et encore plus particulier celui du Kosovo. Le Kosovo est un territoire peuplé d’Albanais et de Serbe qui réclame son indépendance. Seulement les Serbes considèrent que le Kosovo fait partie de la Serbie, et les Serbes de Kosovo eux, veulent rester attachés à la Serbie, quant aux autres ils veulent être un pays indépendant. C’est ainsi qu’en 1999, j’avais dix ans alors, éclata la guerre du Kosovo. Tant que l’on n’a pas connu la guerre il est très difficile de s’imaginer ce que c’est, même si cette guerre était moins violente que beaucoup d’autres qui lui ont précédé, j’ai été très choqué par cette période ma vie. Jamais je n’oublierai cette guerre et les horreurs qui y ont été commises, chaque jour je craignais pour ma vie, chaque jour je m’endormais avec la peur que l’on bombarde ma maison. J’étais trop petite pour comprendre les enjeux de cette guerre, et je ne comprenais pas pourquoi tant de gens mourraient devant mes yeux, et pourquoi personne ne faisait rien pour arrêter ce massacre. A tout jamais, ces instants resteront les plus atroces que j’ai jamais vécus. On ne pouvait plus faire un pas dans la rue sans être terrorisé, c’était tout un peuple qui souffrait et tout le reste du monde qui semblait indifférent à cette souffrance.
Alors face à ce massacre, mes parents décidèrent qu’il était temps pour nous de quitter le pays. Ce qui ne fut pas évident mais après de nombreuses épreuves et de nombreux sacrifices nous rejoignirent la Croatie. Ce n'était pas le pays le plus proche mais c'était le plus sûr pour nous. Nous avons alors défait nos valises à Zagreb, capitale Croate qui serait désormais notre lieu de vie. J'étais assez bouleversée par ce changement radical de vie mais j'étais en même temps soulagée de ne plus craindre pour ma vie en permanence. Je ne savais pas quel était le sentiment qui dominait dans mon esprit, et malgré ce soulagement j'eus beaucoup de mal à me faire à ma nouvelle vie et beaucoup de mal à oublier le traumatisme de la guerre. A l'école je n'avais pas vraiment d'amis, j'étais mise à l'écart principalement parce que je ne savais pas parler Croate et que les autres trouvaient mon accent et ma langue ridicules. Et à chaque fois que quelqu'un criait, que l'on me touchait, ou que j'entendais un bruit suspect, je me mettais à pleurer ou à avoir des crises de panique. Les images de la guerre n'arrivaient pas à sortir de ma tête et tout ce que je vivais m'y faisait penser. Je ne savais plus comment faire pour m'en sortir, j'avais l'impression d'être prisonnière de ces souvenirs et de cette angoisse qui était omniprésente. Je faisais des cauchemars atroces dans lesquels je voyais ma famille entière se faire décimer par des forcenés, je rêvais que la guerre arrivait maintenant en Croatie et qu'il nous fallait fuir à nouveau. J'allais très mal et à ce moment là et même si je n'avais que onze ans, j'avais l'impression que je n'allais jamais m'en sortir, que toujours je garderai ces images horribles et qu'elles m'emprisonneraient toute ma vie. Parce qu'il était à l'époque très clair qu'aller à l'école était un calvaire pour moi, que rien que le fait de me déplacer dans la rue m'angoissait. Mes parents avaient peur que je ne devienne agoraphobe et ils me forcèrent malgré mes angoisses à me rendre à l'école. Je leur en voulais atrocement de me faire vivre ce cauchemar éveillé, et j'aurais tout fait pour aller mieux, mais seulement je n'y arrivais pas. A dix ans quand vous vivez de telles choses, il est difficile de les oublier et de faire comme si tout cela ne s'était jamais produit. Je tapais du pied, je pleurais toutes les larmes de mon corps mais rien n’y faisait, mes parents faisaient la sourde oreille et il était important pour eux que je réussisse et encore plus ils ne voulaient pas d’une fille étrange, exclue de la société. Ils ne comprenaient pas, ou du moins ils feignaient de ne rien comprendre à mon mal-être, et me serinaient que des tas de gens étaient morts et que je devais m’estimer heureuse d’être encore en vie. C’était comme si cette guerre ne les avait pas affecté, comme s’ils étaient indifférents face à ce massacre et qu’ils avaient voulu sauvé leur peau en laissant des innocents mourir sans aucune raison. C’est à ce moment là que j’ai compris, même à onze ans j’étais assez intelligente pour me rendre compte de certaines choses, que mes parents étaient des monstres d’égoïsme. Alors que des milliers de gens se battaient, eux avaient décidé de fuir, de ne penser qu’à leur propres intérêts sans se soucier des personnes qui souffraient. Plus encore, ils me laissaient dans la souffrance la plus totale sans jamais vouloir me comprendre, ou me parler. Tout ce qu’ils voulaient c’était retrouver une vie normale sans que je les en empêche et j’étais plus devenue un fardeau qu’autre chose. Je refusais tout ce qu’ils me proposaient et je vins même à m’enfermer dans le mutisme le plus total. Je ne voulais plus leur parler, je ne voulais plus rien avoir à faire avec eux. Alors de force ils m’inscrivirent dans un club de tennis, pour se débarrasser de moi quelques heures dans la semaine, pour ne plus avoir à traîner leur boulet. Même si j’y étais au début fermement opposé, ce sport devint rapidement une échappatoire à ma vie que je n’arrivais pas à contrôler. C’était comme si quand je frappais la balle, toute la colère, la peur et la rage que j’avais emmagasinées durant tout ce temps sortaient avec une telle intensité qu’il m’était difficile de m’arrêter une fois que je commençais à jouer. Très vite je ne voulus plus faire que ça, ce sport me libérait de toutes mes angoisses et j’apprenais petit à petit à me reconstruire. Et même si je semblais avoir retrouvé un semblant de vie, cela ne durait que les temps où je jouais. Le reste du temps je me bornais à m’enfermer dans mon mutisme auprès de mes parents, je voulais simplement qu’ils comprennent que je souffrais trop et que jamais je ne leur pardonnerai tout ce qu’ils avaient pu faire, mais ils semblaient s’en moquer. Une petite fille muette c’était toujours mieux qu’une petite fille trop bavarde. Au collège aussi rien n’allait, il faut le dire j’étais clairement en échec scolaire et les professeurs ne savaient plus quoi faire avec moi. J’écrivais la plupart du temps des inepties en Serbe sur mes copies, et personne ne comprenait ce que j’écrivais. Tous disaient que je ne faisais aucun effort pour m’intégrer à mon nouveau pays et que c’était à peine si j’étais capable de savoir dire bonjour en Croate. De plus je semblais être une fille asociale qui refusait catégoriquement de parler à ses camarades. Si je refusais de leur parler c'était tout simplement parce que je n'arrivais pas à oublier tout ce que j'avais vécu et que je n'avais pas envie d'en parler. Cela a duré trois ans environ, les trois années les plus longues de ma vie, où jamais je ne me suis sentie aussi seule. La seule chose qui me faisait tout oublier était, comme je l'ai déjà mentionné le tennis. Alors je me contentais de cela pour essayer d'être heureuse, pour survivre en quelque sorte.
Et puis j'ai rencontré cette fille, cette fille qui fit basculer ma vie. Elle s'appelait Anja, à une lettre près nous avions le même prénom et ce n'était pas la seule chose qui nous unissait. Je l'ai rencontré au club de tennis. J'avais à l'époque quinze ans et Anja venait tout juste de d'arriver à Zagreb, elle venait d'emménager et de quitter Split sa ville natale. Au premier abord, je la considérai comme une rivale, comme une fille que je devais battre à tout prix si je voulais rester la meilleure de mon âge. Je ne voulais pas qu'elle me prenne la seule chose qui était importante à mes yeux. Sans même la connaître je la détestais parce qu'elle était douée, sans doute plus que moi et qu'elle faisait tout pour me le faire savoir. Je bouillonnais de rage, et lorsqu'elle vint m'adresser la parole la première fois, je ne lui répondis pas, je me contentais de l'ignorer et de lui lancer un regard noir. Puis elle essaya de me parler une deuxième fois sans succès, je restais bornée à ne pas vouloir lui parler. Elle ré-essaya une autre fois dans les vestiaires, sauf que cette fois-ci au lieu de simplement vouloir me connaître elle m'embrassa et repartit comme si de rien n'était. Je restais sans voix, et fut troublée par ce baiser que nous venions d'échanger. Dans ma vie je n'avais jamais pensé à l'amour, et je ne m'étais jamais demandé si j'aimais les hommes ou les femmes. Et il était évidemment tant que je me pose la question. Si je détestais royalement Anja sans la connaître, je ne pouvais dire que son baiser m'avait laissé de marbre. Mais je ne voulais pas retenter l'expérience avec ma pire ennemie, alors quand je la croisais je rasais les murs et baissais la tête pour qu'elle ne me voit pas. Puis un jour, une nouvelle fois dans les vestiaires, une semaine environ après ce baiser volé, elle brisa la glace.
▬ Tu pourras pas m'éviter indéfiniment. Je sais bien que je ne t'ai pas laissé indifférente.
Je la regardai attentivement mais ne dit mot, je ne voulais pas lui répondre, je n'avais pas envie d'avoir quelque chose à faire avec elle. Et surtout je ne comprenais pas ce brusque revirement de situation entre nous. Alors je me contentai de baisser les yeux une nouvelle fois, mais avant que je n'ai eu le temps de prendre mes affaires pour m'en aller d'ici le plus vite possible, elle m'embrassa une nouvelle fois. Cette fois-ci je fus incapable de partir comme je l'avais fait la dernière fois, et je lui rendis son baiser. C'est ainsi que démarra notre relation. Finalement j'avais appris à la connaître et malgré son côté tête brûlé, c'était une fille gentille que j'appréciais. Et surtout malgré notre rivalité, j'avais réussi à faire fi de tout cela, pour me concentrer seulement sur les bons côtés de notre relation. Alors bien sûr une relation entre deux filles, cela n'a pas toujours été très bien vu par tout le monde, mais je m'en moquais. Je n'avais rien à prouver aux autres, ils me prenaient déjà tous pour une folle, je n'avais plus rien à perdre. Cette relation m'avait fait quelque peu sortir de ma carapace et m'ouvrir un peu plus au monde, sans être pour autant la fille la plus sociable de la Terre. Je m'étais simplement rendue compte qu'il y avait des choses sur cette planète qui valait la peine d'être vécu et que ce n'était pas en ressassant le passé que j'allais pouvoir profiter pleinement de ma vie. Si je m'étais ouvert au monde, ma relation avec Anja marqua la rupture totale entre mes parents et moi. Quand ils découvrirent que j'entretenais une relation avec une fille, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Nous ne nous adressions déjà presque jamais la parole, mais je n'ai pas souvenir d'avoir échangé un mot avec eux depuis ce jour là. Ils se contentaient de m'apporter mon repas dans ma chambre et de me regarder vivre comme si j'étais une étrangère sous leur toit. Alors lorsque j'eus dix-huit ans, je partis de chez moi comme je l'avais toujours prévu et comme s'ils s'y étaient attendus. Depuis je ne les ai plus jamais revu, et ils n'ont jamais cherché à me revoir. Je ne peux pas dire qu'ils me manquent, tout ce que j'ai accompli dans ma vie je ne le dois qu'à moi-même et ils n'y sont pour rien là-dedans. La seule chose qu'ils ont fait pour moi, c'est me donner la vie. Je sais que c'est le plus beau cadeau, mais c'est un cadeau que j'aurais préféré venir de quelqu'un d'autre. Donc à mes dix-huit ans je m'installai dans un studio miteux, le seul qui était dans mes moyens. La même année j'obtins mon diplôme, très difficilement mais je m'en sortis tout de même. Je n'avais jamais été l'élève la plus brillante, et je ne le deviendrai sûrement jamais. De ce fait, j'ai préféré orienter mes études vers la seule chose qui m'avait toujours passionné : le tennis. Je n'ai pas l'intention de devenir joueuse professionnelle, je n'ai pas le talent nécessaire mais j'ai bien l'intention de devenir professeur de tennis.
Si l'année de mes dix-huit ans, marque mon indépendance et le début de ma nouvelle vie, elle marqua également la fin de ma relation avec Anja. Elle qui avait toujours été plus talentueuse que moi, réussit à décrocher un contrat professionnel et s'envola pour jouer les prestigieux tournois WTA. Elle coupa tout contact avec moi, comme si sa soudaine célébrité l'avait empêché d'être avec moi. Je lui en ai longtemps voulu, et j'ai commencé à sortir avec des hommes. Et moi qui m'étais considéré comme homosexuelle en sortant avec Anja, je découvris que j'étais attirée par les deux sexes. Toutefois, je ne sais pas comment réagir maintenant qu'Anja est de retour, si je dois la fuir ou lui pardonner.

Bonjour :yaaay: Donc je m'appelle Elodie (a) ^^, j'ai 17 ans et je suis en Terminale L. Sinon je suis passionnée par le sport, un peu tous les sports en général et je voue un véritable culte à Novak Djokovic (a) ^^ . Enfin bon bref sinon je trouve que l'idée générale du forum c'est une très bonne idée, puis la Croatie quoi