Je me nomme Milan, j’ai 24 ans, et j’ai décidé de parler de moi, mais ne vous attendez pas à plein de révélations, je pourrai très bien en dire que très peu…Pour commencer, j’écris ces lignes sur du papier, dans une chambre aux murs dégarnis, sise au premier étage. J’aurais préféré avoir un appart au cinquième, au moins si je décidais de sauter par la fenêtre, ça ferait une différence vitale…

Aux premiers abords, on me croirait gentil, courtois, doux, candide, un mec pur à la réputation sans tâche…ho ho ho. Pourtant, je suis bien différent de tout cela. Ceux qui jugeront mon caractère sur mon apparence, risqueraient de le regretter amèrement….

Mes parents ne se rendirent jamais compte du filou que j’étais, ni de ma fourberie, ni de la façon dont je les méprisais, eux et leur vie de merde. J’étais beau comme le jour, ce qui me donnait une apparence un peu angélique. Jusqu’à aujourd’hui, je garde encore un air exagérément juvénile, alors que je suis né salaud. Si, si, je vous jure…

Quand j’étais petit, ma grande sœur s’amusait à m’habiller en fille. Ah…la vilaine ! Je crois que d’une façon ou d’une autre, ça m’a un peu, beaucoup, traumatisé. Et même si au départ je rechignais, je finissais toujours par me prêter à son jeu. C’était alors une autre facette de moi que je découvrais. A chaque fois, l’impression était la même : Fascination. Comme si je venais tout juste de naitre. Mais je me gardais bien de le dire, déjà que j’avais du mal à l’admettre !
Des années après, c’est moi qui cherchait désormais à avoir une allure de jeune fille, portant des tenues moulantes. Ma mère me disait que je ressemblais à une petite pute. Souverain, je l’ignorais, continuant à appliquer mon masque journalier. Eye-liner noir, mascara charbonneux, des lèvres pourpres, et pulpeuses… Inutile de dire que j’avais une mallette complète pour tester n’importe quelle folie cosmétique. Mon péché mignon.

Mais je précise, je m’adonnais à cette mascarade que durant la nuit.

Le jour, je courais, volais, fuyais, et me cachais. Quand on nait dans une famille misérable, et qu’on grandit dans l’un des plus bas quartiers de la ville, on apprend très vite à se débrouiller, hein.

A 14 ans, j’eus mon premier job. J’aidais un quinquagénaire à réparer les voitures. Je me rendais précipitamment au garage de cet homme dès ma sortie de l’école, et il me traitait comme son propre fils. Ce brave type a été comme un père pour moi, le mien étant fréquemment absent.

Je n’avais pas choisi de faire ce travail par vocation, mais seulement par instinct de survie. Pourtant, et contre toute attente, je développais une forte passion pour la mécanique. C'était un boulot assez relax, et ça m’a permis me tenir tranquille durant un bon moment. Je n'étais certes pas très bien payé, mais j'y ai beaucoup appris.

Un jour, alors que je rentrais chez moi, des voix s’élevèrent dans mon quartier. Suspicieux, je m’approchais doucement en tendant l’oreille. Les cris devenaient plus rauques…Ma mâchoire se crispa, et sans plus perdre de temps, je m'élançais pour voir ce qui se passait. Des hommes se tenaient près des bâtiments en uniforme, très bien armés. C’était ma première rencontre avec les agents de police. Pas besoin d’être devin pour savoir ce qu’ils faisaient là… Dans mon quartier, il y avait beaucoup de jeunes enroulés dans des affaires de drogue.
Ah, la naïveté…en ce temps là, j’étais vraiment bébête. Je courus en criant vers un de ces hommes qui tenait un ami par le bras. Je le percutai, sortit rapidement mon canif, et lui portai un coup à la cuisse, lui arrachant un cri de douleur. A mon grand soulagement, il relâcha sa prise, et mon pote put se sauver.

Puis, je sais pas...j’ai cligné des yeux un moment, sonné, après tout devint noir...

C’est qu’il y avait de particulier dans l’endroit où je vivais, c’est qu’on se sentait tous dans la même galère, et c’est ce qui faisait notre union. Ridicule.

J’ai été entrainé dans une cellule, où j’ai croupi durant trois ans pour avoir grièvement blessé un policier. Eh oui, la canaille doit payer.

A ma sortie de prison, j'avais décidé de quitter le quartier. Je fus ramassé par un type au volant en faisant de l’auto-stop. Il me demanda où j’allai en fixant ma braguette, je me contentai de hausser les épaules, lui jetant un regard qui en disait long. Ses yeux cuivrés brillant d'un éclat plein de sous-entendus gravitèrent à cet instant vers moi. Sans blague, je devais bien commencer par gagner ma vie…

J’avais dix-sept ans, et j’étais alors devenu une espèce de putain…qui trainait avec lui de nombreux carnets, où il gribouillait des poèmes, et des bouts de nouvelles. Je fréquentais les bars et les boites de nuit, mais je buvais et fumais rarement.

Par la suite, je réussis à me faire remarquer par quelques gangs lors de certaines courses sauvages. Ces courses faisaient de moi un homme heureux. C’était plein de rebondissement et d’adrénaline. Grâce à quelques connaissances, je réussis à me faire comme transporteur routier de marchandises. C’était tentant…j’avais enfin trouvé une carrière !
J’avais la sensation de toucher du doigt une nouvelle vie, de quoi être excité !