La douleur…personne ne sait ce que veut réellement dire ce mot tant qu’on n’a pas été transpercé de part en part, physiquement et psychologiquement. Non pas que je sois quelqu’un de fragile mais il faut dire qu’en ce moment les choses se bousculent dans ma vie, tout ne va pas forcément pour le mieux même s’il m’arrive la plus belle chose possible, je suis avec la femme de ma vie. Elle me rend les choses plus simples, elle m’épaule et me soutient mais notre couple à également soulevé un problème de taille, nos milieux sociaux différents et les tracas que cela causait à Leighton, bref, tout n’était pas si simple en ce moment mais tout n’allait pas si mal jusqu’à ce soir, il y a…je ne sais pas combien de temps à vrai dire…tout me semble sombre en ce moment, les sons me parviennent difficilement, je ne peux pas bouger c’est…c’est vraiment étrange comme sensation. Je me rappelle pourtant tout ce qui m’est arrivé, je me souviens de cette très agréable soirée au restaurant avec Leighton, je me souviens qu’elle devait me parler mais que finalement nous sommes parti sans qu’elle ne m’annonce une quelconque nouvelle…et c’est dehors que tout à basculé. C’est là que je me suis interposé entre 3 jeunes et ma voiture, un excès de confiance en moi j’imagine vu la suite des évènements. Tout s’était passé très vite et je n’avais pas eu le temps de faire quoique ce soit, je m’étais retrouvé au sol, le visage en sang et les côtes douloureuses parce que fracturées mais je n’avais encore rien vécus en fait. C’est après plusieurs minutes d’acharnement que le « leader » se pencha sur moi pour m’enfoncer sa lame dans le torse, ma peau se déchira sous le coup, la lame pénétra profondément en moi au niveau de mon poumon droit que je sentis se vider…peut-être était-ce psychologique mais le souffle me manqua, Leighton était maintenant près de moi, elle avait sans doute tout vu alors je m’étais excusé, tentant tant bien que mal de lui dire combien je l’avais aimé. Elle avait bien essayé de me retenir mais les faits étaient là…j’étais mort ce soir là dans ses bras.

Je ne me souviens pas de la suite, tout ce que je sais c’est que maintenant je ne sens pas mon corps, du moins je ne peux pas bouger, je ne peux pas parler ni ouvrir les yeux mais j’entends…j’entends des voix, je ne saurais pas dire à qui elles appartiennent mais je les entends au loin, comme si elles provenaient de l’autre côté d’un long tunnel…C’est très particulier comme sensation, je n’ai pas l’impression d’être mort, pourtant je sais que je suis mort cette fameuse nuit…je le sais je l’ai senti…mais maintenant…Peut-être que c’est ca la mort, être seul dans le noir pour toujours, à entendre des voix sans jamais pouvoir les identifier, peut-être que je payais quelque chose que j’avais fait dans ma vie…Autant de questions qui trottaient dans mon esprit alors que je me sentais éveillé puis je sombrais à nouveau dans le noir le plus complet, sans conscience.

Je n’ai aucune idée du temps s’étant écoulé entre mon accident et aujourd’hui, mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres, comment je le sais ??? Je le sens, oui je le sens parce que ce matin, j’ai senti ma main ! Ca veut forcément dire que je ne suis pas mort n’est-ce pas ? C’était un peu ma philosophie, j’essayais sans doute de me convaincre moi-même mais après tout là ou j’étais je ne pouvais compter que sur le soutien que je m’apportais à moi-même. Ma main avait été…soulevé il me semble, elle était lourde et presque complètement endormi, on aurait dit que des milliers de fourmies vivaient sous ma peau. Plus tard, j’avais senti encore une fois mais cette fois j’avais…j’avais quelque chose sous les doigts, je touchais quelque chose mais j’aurais été incapable de dire quoi…j’avais pourtant l’impression de sortir d’un épais nuage, c’était par contre très douloureux alors que jusqu’à présent je n’avais ressenti aucune douleur depuis l’accident. Mes côtes se réveillaient, je me souvenais maintenant parfaitement de l’endroit ou j’avais reçu les coups de pieds, ma lèvre était douloureuse mais moins que dans mon souvenir, je respirais…c’était LA preuve que j’étais bien vivant. C’est dès cet instant que de toutes mes forces je tentai de me réveiller, il fallait absolument que je revienne, c’était impensable que ma vie se termine de cette manière.
Un orteil bougea, encourageant mais ridicule surtout en pensant que c’était la jambe que je voulais bouger…l’impression que j’avais à ce moment précis c’était comme si un Lucas en moi bougeait dans tous les sens, comme s’il tentait de bouger le Lucas de plomb dans lequel il était enfermé. Mon corps était lourd et raide, mais je sentais bien que mes sens me revenaient peu à peu. Pas tout à fait au clair sur ce qui m’entourait, j’entendis cette voix calme prononcer les mots « Papa » et « mes chéris » puis une voix plus basse, moins audible mais qui semblait dire que j’étais dans un état stable. Mon cœur accéléra, j’étais en vie et j’allais bien…du moins aussi bien que possible actuellement et cette voix…c’était elle, Leighton, elle était encore avec moi.

Ma respiration s’accéléra quelque peu et non sans mal j’ouvris les yeux, ma vue était brouillée, mes yeux se plissèrent à cause de l’intense lumière qui régnait dans la pièce blanche, bien que pas très clair encore, il ne m’en fallu pas plus pour reconnaître ma femme dans le fond, ou du moins devant mon lit, elle n’était pas tournée face à moi et cela m’arrangeait, je préférais attendre de voir clair avant de la regarder dans les yeux. Je refermai les yeux une seconde, je n’étais pas du genre hyper émotif mais une larme coula sur chacune de mes joue alors que j’ouvrais une nouvelle fois les yeux, les larmes avait humidifié mes yeux et je voyais désormais mieux ma chambre, j’étais à l’hôpital et instantanément mes yeux se posèrent sur Leighton…je su à cet instant précis ce que mes doigts avaient alors senti un peu plus tôt, son ventre…c’était donc ca qui m’avait ramené, c’était pour elle et..eux que j’était revenu et comme pour faire une entrée moins morbide que ma sortie 3 mois plus tôt je tentai de prendre la parole non sans mal puisque j’avais la gorge complètement sèche, avec une pointe d’humour.

- Tu as…pris du poids depuis que je suis ici…fait attention ma belle…je…je pourrais boire s’il te plaît….

Tout ceci ferait une belle fiction n’est-ce pas ? Oui…une fiction…Le fait est que c’est un passage de ma vie que je viens de vous raconter, c’était il y a 3 ans, j’avais tout juste la vingtaine et j’étais sur le point de devenir papa. Comment s’est terminé le compte de fée ? J’ai en effet eu mes jumeau, Emma et Gabriel mais une partie de moi est parti ce jour-là, celle qui devait devenir ma femme n’a pas survécu à l’accouchement qui n’avait pourtant pas été prévu si compliqué…Les twins ont donc presque 3 ans maintenant, ma vie à radicalement changé, j’ai quitté Londres et son ambiance glauque, j’avais besoin de me ressourcer et j’avais besoin d’aller loin, très loin de mon ancienne vie.

Avec tout ca je me rends compte que vous ne connaissez toujours rien de mon enfance. Je vous fais donc un résumé parce que parler de moi n’a jamais été un point fort. Je m’appelle Sacha Andrews, je suis né en Italie, à Venise. Mon père est anglais, d’où mon nom, et ma mère est Italienne. J’ai vécu en Italie jusqu’à l’âge de 6 ans, ensuite mes parents ont du revenir en Angleterre pour leur travail, chacun dans un domaine différent pour tous deux chef d’entreprise. Ma mère est avocate et mon père dirige une grande société d’import/export dans le monde entier, maritime, aérien, etc… J’ai vécus dans le luxe toute ma vie, je n’ai jamais eu à demander quoi que ce soit pour l’avoir, financièrement je m’en sors aussi bien que si j’avais gagné à l’euromillion, je n’aurais donc pas besoin de travailler une minute de toute ma vie si l’envie m’en prenait. Je ne suis cependant pas comme mes parents, pas hautain et surtout pas bourgeois, je vis simplement, en profitant certes de plaisir de la vie mais sans trop d’excès. Je crois que je ne suis pas devenu un de ces petits connards prétentieux, j’espère…maintenant en plus je suis responsable de deux twins junior, Emma et Gabriel, les enfants que j’ai eu avec la seule femme que j’aie aimé. La seule parce que j’ai toujours su que j’étais bisexuel et que c’est la seule pour qui j’ai eu des sentiments, toutes les autres et tous les autres n’étaient que des passe-temps sexuels. Aujourd’hui je vis à Zagreb avec mes enfants, je ne me vois pas retomber un jour amoureux d’une femme, c’est triste à dire alors que je n’ai que 24 ans et j’espère que mes enfants comprendront quand ils seront grands que leur père aime aussi les garçons. Mais ca…c’est une musique d’avenir n’est-ce pas ?